Avant toute chose, je tiens à préciser que je n'ai pas lu le roman et que par conséquent, mon avis ne tiendra pas compte de la fidélité de l'adaptation. La première chose que l'on remarque est le trait. Quand un roman est adapté sous forme graphique, on espère que le résultat nous offrira ce qu'un texte ne possède pas : de belles images, de beaux dessins, de quoi nous régaler les yeux. Twilight, malgré des visages un peu figés et inexpressifs, remplissait parfaitement son office à ce niveau-là. Sublimes créatures, par contre, déçoit par un graphisme peu gracieux, peu tramé, peu détaillé. Sur de nombreuses planches, les décors sont absents, donnant l’impression de n’avoir été dessinés que quand c’était nécessaire. L’histoire comporte peu de passages d’action pure, mais quand celle-ci est présente, elle ne se révèle ni dynamique, ni fluide, ni claire. La clarté représente un autre souci de ce manga. On se doute qu’il n’était pas possible d’insérer la richesse d’un roman dans une bande dessinée, mais il n’en est pas moins frustrant de ressentir avec d’autant d’acuité qu’il nous manque des éléments pour comprendre toutes les subtilités de l’univers. Les termes spécifiques, par exemple, ne sont guère expliqués, si bien qu’il est difficile de comprendre, notamment, cette distinction incroyablement tranchée entre la lumière et les ténèbres, qui nous font nous dire que soit le roman est très manichéen, soit l’adaptation est très lacunaire… De même, on devine que les personnages doivent bénéficier d’une certaine complexité psychologique dans le roman, mais c’est vraiment mal retranscrit dans le manga. Ce sont des protagonistes comme Ridley ou Macon qui en souffrent le plus, car leurs actions mystérieuses s’accommodent mal du côté compressé du récit et on perd tout ce qui en fait certainement des personnages attachants et humains dans l’œuvre originale. Et bien entendu, mais c’est normal dans le cadre d’une adaptation graphique, l’histoire défile à une vitesse incroyable. Il est des oeuvres où le découpage est fait suffisamment habilement pour que l’on n’en ressente pas trop les effets. Dans Sublimes créatures, il y a pas mal d’endroits où l’on devine que l’action se précipite excessivement, des scènes importantes étant bouclées en quelques pages. Dans certaines scènes, elles manquent carrément de clarté ; par exemple s’il y a une apparition, on ne comprend pas toujours si tous les personnages la perçoivent ou si c’est seulement celui qui fait un commentaire après. En raison de ses dessins inégaux et de son rythme moyennement géré, je ne suis pas convaincue que ce manga apporte quelque chose aux lecteurs du roman. Quant à ceux qui ne le connaissent pas, ils pourront s’en faire une idée, mais pas une idée claire. En fin de compte, ce global manga donne surtout l’impression de n’avoir été créé que pour copier le succès de Twilight sous toutes les formes qu’il a prises.