Est-ce ou non la conséquence éventuelle de ventes mitigées, quoi qu'il en soit, ce tome de Sara et les contes perdus est le dernier et c'est avec curiosité que l'on découvre la conclusion apportée par Jenny à sa série, après que seulement deux contes (Blanche-Neige et Cendrillon) ont été traités par notre héroïne chasseuse. Et ma foi, force est de constater que Jenny s'en sort plutôt bien. Là où bien des mangaka, hâtés par une fin précipitée décidée par l'éditeur, ne parviennent qu'à donner une conclusion mitigée à leur série, on voit dès les premières pages de ce tome qu'il a été d'emblée conçu de façon à amener le récit vers sa conclusion. C'est ainsi qu'on apprend presque tout de suite que Sara et Meg, devenue son alliée, forment maintenant une équipe de choc qui a pris l'habitude de travailler ensemble et, obtenant de bons résultats, a presque achevé de mener sa tâche à bien remplissant presque totalement le livre de contes, donc il ne reste plus que quelques rescapés. Une jolie ellipse qui, si elle paraît facile au vu des difficultés conséquentes qu'a éprouvées Sara lors de ses premières "chasses", a au moins le mérite de donner un rythme convenable à l'histoire et ne fait pas de cet ultime volume un opus précipité/compressé comme on aurait pu le craindre. L'amitié est toujours mise en avant, avec une Anaëlle qui se sent mise à l'écart blessée par les secrets de ses deux amies et une Clotie qui ne se sent plus aussi proche de Sara depuis que celle-ci a été rejointe dans son aventure par Meg. Dommage que cette thématique soit cependant assez vite laissée de côté face au combat final qui ne tarde pas à survenir, au cours duquel on ne manque pas de découvrir enfin le passé de Clotie et l'identité du mystérieux petit garçon entraperçu par Sara au début de son aventure. Une fois de plus, Jenny livre des combats plutôt musclés, empruntant davantage au shônen qu'au shôjo, et avouons-le, presque un peu trop "hardcore" pour du manga magical girl. Elle n'hésite pas à rendre les événements durs et les coups reçus tragiques, ce qui n'est peut-être pas tout à fait ce que l'on attend en lisant un manga de ce type. Heureusement, et contrairement au tome précédent, le côté plus condensé de ce volume fait que l'on évite les longueurs. Quant au dénouement général de ce combat, il reste classique pour du manga ; on apprécie cependant le talent avec lequel l'auteur est parvenue à mixer sa conclusion tout conservant l'esprit des "contes", classique lui aussi. La romance avec Terry est elle aussi habilement menée à son terme, même si on déplore (fin hâtive oblige) le manque de développement du personnage en fin de compte. Saluons une réussite : malgré une série très visiblement écourtée, la conclusion n'est pas bâclée et nous laisse sur une impression de satisfaction, tous les éléments étant menés à leur terme avec un rythme maîtrisé. C'est probablement le mieux qu'il était possible d'obtenir pour un manga qui, jusqu'à présent, ne s'était montré que d'un intérêt mitigée, avec des arcs trop longs, beaucoup trop de détails sur la vie privée de l'héroïne et un esprit "shônen" lors des combats beaucoup trop en décalage avec le genre d'histoire. En fin de compte et contre toute, ce dernier volume restera, avec le premier, le meilleur de tous. Pour ceux qui voudraient réellement découvrir le talent de Jenny, dont Sara et les contes perdus n'est pas forcément représentatif, n'hésitez surtout pas à découvrir le très sympathique shôjo "Pink Diary", bien meilleur !