Après avoir vu récemment le long-métrage, j’étais curieux de voir si l’adaptation manga allait retranscrire chez moi le même ressenti. J’avais « reproché » aux premières vingt minutes du film l’usage un peu trop prononcé de la musique pour créer son ambiance. Ici, forcément, une telle technique n’est pas réalisable et l’ensemble en demeure plus sobre encore. Nous échappons de peu à une succession de cases vides seulement parsemées de quelques encadrés de narration tant Yû reste très fidèle à la réalisation de l’œuvre cinématographique. Les seuls ajouts notables sont les quelques bulles nous montrant une Hana très accro au futur père de ses enfants. Dans le registre inédit, c’est à peu près tout ce que l’on aura. Cette différence de narration ne change cependant pas l’impression première que j’avais eu à savoir que cette introduction est un peu rapide pour s’attacher aux personnages et permettre pleinement l’exploitation des émotions lors de la tragédie qui sert d’élément déclencheur à la véritable histoire, celle des enfants loups. Les deux derniers chapitres se chargent de conclure la partie introduction avec un départ pour la campagne où Hana ne se sentira plus oppressée par le fait d’avoir deux enfants différents du reste du monde. Malgré ce rythme toujours un peu rapide, surtout en moins de 160 pages, la dessinatrice parvient à coller de très prêt à l’œuvre originale. Dans le genre réussi, le passage montrant du doigt l’arrogance de Yuki due à sa nature de loup et la peur d’Ame vis-à-vis de celle-ci constitue le point culminant de ce premier tome. Un moment qui fait forcément écho au dénouement de l’histoire pour ceux qui le connaisse déjà et qui du coup n’en ressort que plus fort. D’un point de vue graphique, sans hésitation, on ne peut que préférer le film et ses couleurs. Le style de Yû est en comparaison assez épuré, privilégiant plus les personnages, leur chara-design chaleureux et leurs expressions plutôt que les décors assez secondaires. Aucune surprise donc pour ceux qui ont déjà pris plaisir à voir l’œuvre de Mamoru Hosada. Nous avons là un début d’adaptation fidèle qui ne fait pas honte à son support originel et qui devrait satisfaire convenablement les fans et les autres. N.B. : Yuki ne fait pas mal aux oreilles cette fois-ci. La voir s’agiter en silence est un petit bonheur ++.