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Critique de Twittering birds never fly #1

par Sherryn le mar. 10 sept. 2013 Staff

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Faire du yakuza en yaoi n'est jamais un pari gagné, car la tentation est souvent assez grande de juste montrer comment le patron se tape qui il veut quand il veut, avec quelques scènes SM à la clef, et éventuellement une relation contrariée avec un sous-fifre. Mais quand une mangaka connue pour ses récits réalistes et empreints d'humanité s'empare de ce thème, eh bien ça donne Twittering birds never fly. Alors, Kou Yoneda a-t-elle su s'affranchir des stéréotypes habituels ? La réponse est : plus ou moins. On n'échappe pas aux gays multiples, ni aux scène de coucheries faciles, et de prime abord il est difficile d'entrer dans le manga à cause du premier récit qui présente d'emblée un gay habitué à se taper tout ce qui bouge, poussant un gars dans les bras d'un autre. Le sexe est très présent, mais les sentiments ne sont heureusement pas absents non plus. Heureusement, cette histoire ne dure qu'un chapitre, et le manga ne tarde pas à nous présenter une autre intrigue, plus approfondie et digne d'intérêt, qui révèle réellement les capacités de ce titre en termes de scénario et de profondeur. C'est ainsi que, dès le deuxième chapitre, on pénètre dans l'histoire qui correspond au quatrième de couverture. On ne change pas d'univers, mais on se focalise sur un autre personnage, dont on découvre petit à petit le passé et les raisons de son comportement. On suit l'évolution de sa relation avec quelqu'un qui, lui aussi, se révèle façonné par un vécu douloureux dont, d'une certaine façon, il porte encore les stigmates. Sans être 100% réaliste, le manga parvient cependant à dresser le portrait de protagonistes à la psychologie torturée avec une certaine justesse, de sorte que l'on y croit suffisamment pour s'immerger dans le récit et ressentir de l'empathie. L'émotion fait donc mouche, et plus d'une fois on a le coeur qui se serre lorsque les événements ou révélations s'y prêtent. Vous l'aurez compris, l'humour n'a (presque) pas sa place dans cette série où le sérieux et le mélodrame priment avant tout ; il reste néanmoins juste assez présent pour que le tout ne soit pas trop lourd. Et contrairement à ce que laisse craindre une phrase de Taïfu dans le synopsis, le SM n'est pas du tout présent, sinon en paroles. Le trait de Kou Yoneda est assez spécifique. Elle nous épargne les yeux gigantesques pour présenter un style d'un réalisme sobre. Les visages ne sont pas souvent expressifs, mais c'est en grande partie parce que leur personnalité veut ça, et surtout la qualité de la narration compense largement, de sorte que l'on s'en aperçoit à peine. Tout au plus regrette-t-on l'absence relative d'arrière-plans, mais une fois de plus ce style est d'une telle cohérence avec le ton du récit que l'on ne peut aucunement le reprocher. Quand au dernier chapitre, il surprend, surtout pour ceux qui n'avaient pas forcément adhéré au premier. En effet, la mangaka y opère un retour en arrière en nous présentant le passé commun des deux personnages principaux. On comprend mieux alors quel lien les unit et cela les approfondit singulièrement tous les deux, en donnant également une autre envergure à la première histoire. Du coup, on se dit que tous ces personnages sont finalement dignes d'intérêt, et qu'aucune partie de ce manga n'est à jeter. Le pari de faire un yaoi de yakuza légèrement différent de tous les autres est donc partiellement gagné, mais en contrepartie, il faut bien avouer que l'on a pas toujours l'impression d'être dans un univers de yakuza. Pas d'armes, pas de prise d'otage, pas de combats (sauf dans quelques pages au tout début), pas de prise d'otages, pas de guerres de clans... Si tout juste si Mashiro ne pourrait pas être chef d'entreprise. Cet univers de yakuza constitue, en fait, avant tout une bonne occasion de réunir des personnages qui ont tourné le dos à une existence ordinaire, poussés dans leurs derniers retranchements par des expériences douloureuses. Ce premier tome convainc, c'est sûr. On a hâte de voir ce que les suivants proposeront afin de nous bouleverser davantage encore.

En bref

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