Une histoire basée sur un vol réel passé mais surtout un vol bien mystérieux et qui a suscité nombreuses interrogations sur son déroulement. « Montage » se base sur le vol des 300 millions de yens lors d’un transfert de liquide entre une banque et une entreprise en 1968. Un seul homme a détourné cet argent grâce à un déguisement de policier et malgré une enquête longue et avec de grands moyens, la police japonaise n’a jamais retrouvé la trace de ces billets. De ce fait, ce vol est tombé dans la fameuse « prescription » et ici, Jun Watanabe se sert de cette histoire pour baser la sienne : Yamato Narumi, un ado, se retrouve mêlé à une rocambolesque suite de ce mystérieux vol. Se baser sur une histoire vraie donne à l’histoire un gout de mystère et de d’aventure. Ce vol suscite de nombreux fantasmes dans son déroulement et son achèvement. Les billets ayant disparu et que l’histoire remonte à plus de 40 ans laisse à l’auteur une grande liberté d’écriture. Ainsi il fait le choix d’utiliser un adolescent et son amie dans son histoire. Il n’hésite pas à mêler d’autres personnes comme la police en montrant que tout le monde n’est pas forcement blanc comme neige aussi bien aujourd’hui qu’il y a 40 ans. On rentre très vite dans l’intrigue, l’auteur consacre peu de place à la mise en route de la vie des personnages et les premières pages sont vite entachées de sang. C’est donc un premier volume qui se lit vite, pas de perte de temps dans des pages chargées de dialogues, l’ambiance et les dessins amènent à une lecture rapide et fluide. La série s’engage dans un rythme soutenu avec une phrase clé : « ne faite confiance à personne ». C’est la phrase maître, tout le monde prend part l’histoire et joue un rôle, mais lequel ? Yamato se retrouve dans une situation compliquée. L’histoire étant ponctuée de flach-back, cela nous permet d’entrevoir les scènes clés de l’histoire comme lors du vol et surtout cela permet à l’auteur de fixer mieux son histoire dans la durée avec Yamato enfant puis adolescent. Le trait de l’auteur accompagne très bien l’histoire, avec des moments sombres aussi bien scénaristiquement que graphiquement, les expressions des personnages sont sévères et donc collent parfaitement bien au ton très sérieux du manga. Au final, l’auteur nous offre un système bien huilé, qui fonctionne très bien avec le côté très sérieux de l’histoire aussi bien de celle de 1968 que de celle qu’il met en place en 2010. Le sobre des dessins accentue l’aspect polar et l’enchainement des événements donne une lecture rapide. Ce premier tome de « Montage » est de bonne qualité de par son scénario complexe mais fluide et par son graphisme approprié au genre. On peut par contre, avoir un doute sur la qualité continue de la série dans la dizaine de tome que qu’elle compte déjà. L’édition, quant à elle, est simple et très convenable.