C’est avant tout les combats, la classe des personnages et l’ambiance dure et « guerrière » qui font Drifters, et une fois de plus nous avons un tome qui donne la part belle à l’action. Les événements défilent à toute allure ; le dynamisme des planches et des répliques n’a aucun mal à nous entraîner d’un fait à l’autre sans que l’on ne voie le temps passer. Ici ou là, quelques pointes d’humour permettent de souffler et de conserver un certain équilibre qui évitent de sombrer dans une lourdeur excessive. Le résultat, très immersif, séduira tout amateur de titres explosifs où la réflexion est laissée de côté. Cependant, si le scénario n’est pas l’intérêt principal de ce manga, il n’est pas pour autant oublié. En effet, contrairement à d’autres séries où le synopsis n’est parfois qu’une excuse tenant sur un timbre pour brosser des scènes de combat, dans Drifters celui-ci est sans cesse présent en arrière-plan derrière les scènes d’action. C’est subtil, certes, mais ici ou là se glissent quelques répliques, quelques questionnements, quelques clins d’œil, qui élargissent le champ des possibles et entretiennent le mystère sur le fondement final de tout cela et de cette lutte entre les Drifters et les Parias. Les événements immédiats, comme l’arrivée des Nains, enrichissent également l’univers du manga. Le graphisme reste fidèle à lui-même. Au premier abord caractérisé par son trait épais, il révèle au final une certaine finesse et un soin accordé aux détails, aussi bien pour les visages que les costumes ou les arrière-plans. Les cases sont bien remplies et aucune planche ne donne d’impression de vide. Le rendu final est à la fois assez personnel et agréable à l’œil. Les nombreuses références historiques constituent des allusions sympathiques, même si elle ne permet pas d’approfondir ses connaissances dans le domaine (les notes de fins, dont la présence demeure appréciable, sont quand même trop lapidaires pour remplir ce rôle, mais elles peuvent largement permettre de titiller la curiosité et pousser à approfondir le sujet par d’autres recherches). Le mélange allègre entre diverses époques, civilisations et cultures aurait pu donner une impression de « puzzle » assez malvenue, mais ce n’est pas le cas du tout. L’auteur a vraiment réussi à nous faire accepter son univers complètement barré (d’une certaine façon) avec talent. Malgré la lenteur de sa parution, ce manga reste digne d’intérêt. À lire si vous aimez l’action bien bourrine et plus encore si vous aviez connu et apprécié Hellsing.