Ce second volume nous propose non pas six, mais deux histoires seulement, dont une seule très longue qui occupe presque tout le tome, la seconde faisant presque plutôt figure de bonus en comparaison (tout juste une quinzaine de pages). On renoue donc avec un récit de plus longue haleine qui nous fait suivre, comme de bien entendu, le parcours de vie d'un tigre. Le schéma a déjà été vu dans d'autres livres du même auteur, avec un tigron que l'on découvre petit, qui perd sa mère brutalement, mais réussit à s'en sortir et à grandir. Néanmoins, on ne s'en lasse pas car comme pour les autres, l'intérêt réside avant tout dans la splendeur des dessins : tigres, mais aussi loups, montagnes, lapins, sangliers, ours, et dans ce tome, humains également. Là où cette histoire finit par se détacher des autres manwha de l'auteur, c'est qu'elle finit par aborder des thèmes spécifiques, notamment la guerre sous l'occupation japonaise et ses conséquences sur la faune, puis les fauves mangeurs d'hommes. C'est beau, dur, réaliste dans l'ensemble mais avec toujours les mêmes spécificités propres à Ahn Soo-Gil : de l'anthropomorphisme dans les pensées et expressions des tigres (il y a clairement des passages, où une narration à la troisième personne aurait choqué moins qu'une narration à la première personne, contenant des détails qu'un tigre n'est pas censés connaître...), et l'insertion ici ou là de dessins plus humoristiques (très mignons, mais à la présence parfois décalée). Dans ce tome, on remarque également un certain manichéisme, peut-être une rancoeur contre l'occupant japonais (?) puisque le rôle de méchants, ridicules ou victimes est systématiquement donné à des soldats japonais, alors que le seul Coréen est de l'histoire est un sage bienveillant. Ce second volume contient donc d'autres thématiques, mais pour ses qualités et faiblesses, on reste dans le style propre à l'auteur, sans grandes surprises. La qualité éditoriale est quant à elle toujours au top, avec un ouvrage décidément très agréable à tenir en main, solide et léger à la fois. La nouvelle en fin de volume est clairement à l'ombre du premier récit, et sa thématique identique (les fauves mangeurs d'homme) sonne de manière répétitive. Plus courte, elle marquera moins les mémoires, surtout que la fin est quelque peu précipitée. Mais elle reste bien dessinée et prenante. Les deux tomes d'Histoires de Tigres sont incontestablement un bel objet qu'il fait bon posséder dans sa bibliothèque. Incontournable pour les amoureux des animaux.