Le second tome de Daisy s'insère directement dans la lignée de ce dernier et il ne fait aucun doute que la série se savoure mieux en étant lue d'une traite, ce qui est désormais possible maintenant que l'intégrale est sortie. Profitez-en donc pour découvrir ce manga poignant et très réel si cela n'est pas encore fait ! La première partie de ce volume nous fait faussement croire qu'il sera plus lent que le précédent ; il n'en est rien. Si l'émotion et les prises de conscience, ainsi que les longs discours, ont la part belle dans les premières pages, en particulier quand Fumi visite un camp de réfugiés et fait la rencontre d'un nouveau personnage qui prend les événements terribles avec optimisme, bien vite les thèmes difficiles refont surface et ne laisseront personne indifférent. Entre la fermeture des commerces, la faillite des agriculteurs traités de "criminels", les départs forcés de cette région où l'on a grandi, les suicides des personnes âgées soucieuses de ne pas déranger leurs proches, la perte des maisons qui ont dû être soudain évacuées et qui ont moisi sur place, la peur permanente d'entrer en zone contaminée poussant à garder l'oeil rivé sur le taux de radioactivité, les enfants enfermés chez eux jusqu'à une période indéterminée, les familles déchirées ou séparées, ce tome offre comme le précédent un concentré d'émotions, de réflexions et de prises de conscience d'une intensité difficilement supportable. Daisy fait réfléchir, c'est sûr. Il ouvre aussi les yeux sur la situation des habitants qui ont été victimes du nucléaire et sur les mensonges du gouvernement, qui a entre autre, décrété la fin de l'état de crise en se basant sur la température des réacteurs, mais sans avoir encore aucune idée de ce qui se passait dedans (!). Reiko Momochi a réalisé son manga à partir de nombreux témoignages dont elle a repris des éléments pour composer un récit dense mettant en scène une poignée de personnages principaux qui vont également grandir et chercher à trouver leur voie de façon à se rendre utile. Leurs réponses, diverses, permettent aussi d'assister à la façon dont ils vont grandir et mûrir après ces événements difficiles. Merci également à l'auteur d'avoir composé en fin de volume un long message exposant les circonstances dans lesquelles elle a créé son manga et ce qui l'a touchée tout au long de sa démarche. Dans un monde où l'on est bien trop dépendants du nucléaire, enfermés que nous sommes dans une logique aberrante de croissance économique, son wild talk pousse à vraiment à s'interroger, à se demander si le jeu en vaut la chandelle, quand on voit tous les risques que cela comporte. Comme le dit un des personnages, le nucléaire a contribué à développer la région, à offrir des emplois, puis il leur a tout repris. Alors que l'incident du 11 mars appartient de moins en moins à l'actualité, la situation est pourtant encore loin d'être stabilisée à Fukushima. Daisy nous incite à ne pas l'oublier et à tenter d'envisager un avenir sans nucléaire.