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Critique de A Silent Voice #1

par Suiginto le lun. 9 févr. 2015 Staff

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Casse-cou et bagarreur, Shoya Ishida aime par-dessus tout faire des bêtises et lancer des défis idiots et dangereux à ses amis, plutôt qu'étudier à l'école. On découvre ainsi le quotidien désopilant de ce garnement en CM2, qui réussit même à se rendre un peu attachant, tant il a de la suite dans les idées...! Lorsque Shoko Nishimiya, une nouvelle venue malentendante, débarque dans sa classe, Shoya y voit une curiosité quasi-extraterrestre et une bonne opportunité de se sortir de l'ennui, en s'acharnant sur la jeune fille à la limite de la persécution... Comment vont réagir les autres élèves, et surtout, la principale intéressée? Des mangas sur les brimades scolaires ("ijime" en japonais), nous avons déjà eu l'occasion d'en découvrir plusieurs dans nos contrées (notamment les poignants Life et Vitamine) mais c'est la première fois qu'un scénario se place du point de vue du harceleur, ce qui est bel et bien le parti-pris de ce premier tome de A Silent Voice. En effet, on y suit l'évolution de Shoya au contact de sa camarade, ainsi que l'escalade inévitable dans la violence au fur et à mesure des évènements et de l'implication (ou de la complicité tacite) des professeurs, des écoliers et de leurs familles. Les péripéties sont tellement réalistes, particulièrement dans le traitement du handicap qui provoque tant d'incompréhension et de distance entre les enfants (et même chez les adultes), qu'on ne peut qu'être touché par cette lecture. La jolie héroïne n'arrive que tardivement dans le récit, et de par ses difficultés à communiquer, est évidemment assez discrète et donc difficile à cerner, même si on imagine que la mangaka se penchera plus sur elle dans les prochains volumes. Le résultat de cette narration originale et décalée crée une sorte d'empathie inversée, nous forçant à essayer de comprendre les agissements de Shoya, même si son âge, la bêtise et la cruauté enfantine n'excusent pas tout dans son comportement de plus en plus odieux. Les dessins ronds et doux tranchent avec la gravité de certaines situations, mais se démarquent par une très forte expressivité dans le chara-design, qui révèle bien les émotions des protagonistes dans ces moments parfois extrêmement violents. La sensibilité qui se dégage de l'intrigue invite à se questionner sur nos attitudes face à la différence de l'autre, sur la manière d'exprimer ses sentiments, mais aussi sur la terrible dynamique de groupe entraînant l'exclusion et le harcèlement d'un enfant, un phénomène inquiétant qui existe aussi bien au pays du Soleil Levant qu'en France. L'auteure, Yoshitoki Oima, n'a que 19 ans quand elle présente A Silent Voice, au départ sous la forme d'un one-shot qui, en raison des hésitations de l'éditeur Kôdansha, aura mis du temps avant de pouvoir être sérialisé pour de bon, cette fois avec le soutien de la Fédération Japonaise des Sourds et Malentendants, et le plébiscite enthousiaste des lecteurs. Ce shônen terminé en 7 tomes au Japon a de quoi faire parler en tout cas, car il ne laisse décidément pas indifférent! Véritable succès sur l'archipel nippon, le titre a depuis reçu deux prix: au sein de son magazine de prépublication (le Weekly Shōnen Magazine), et sur le célèbre site Comic Natalie. Il a même été nominé pour le 38e prix Kōdansha et pour la dernière édition du prix Manga Taishō. Enfin, une adaptation en film d'animation est également prévue! Après un seul premier volume, on sent bien qu'on a un petit bijou entre les mains, incroyable de justesse malgré la difficulté des thèmes abordés. Ki-oon nous offre là une très belle série, visiblement fort attendue par les fans si l'on en croit les réactions sur les réseaux sociaux à l'annonce de la licence... et vu la qualité de l’œuvre, nul doute que les lecteurs seront nombreux au rendez-vous!

En bref

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