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Critique de Le club des divorcés #1

par ivan isaak le mar. 19 juil. 2016 Staff

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Présenter un titre comme Le club des divorcés est toujours un exercice compliqué. Le mieux reste donc de lire l’excellente préface de 5 pages de Karyn Nishimura-Poupée, qui vous expliquera en détails le contexte et les us et coutumes japonaises concernant le mariage, le divorce, et la place de la femme dans la société nipponne. Mais cela ne va pas non plus nous empêcher de parler du titre de l’excellent Kazuo Kamimura, qui s’est désormais fait une place de choix dans le paysage éditorial français, avec déjà 8 titres disponibles, dont le célèbre Lady Snowblood, à l’origine de la saga Kill Bill (si cela peut vous donner envie de découvrir l’auteur, ne nous privons pas !). Et, comme souvent, ce sont des pavés que Kana nous propose de découvrir avec deux volumes de 500 pages environ. Dans Le club des divorcés, Kamimura fait ce qu'il maitrise le mieux : dépeindre le Japon de ses contemporains, en l’occurrence celui des années 70, en suivant des personnages finalement quelconques mais qui vont être baladés de droite à gauche par une époque qui change sans forcément le vouloir. Comme son nom l'indique et comme déjà précisé plus haut, ce titre parlera donc du divorce, chose inconcevable pendant une longue période au Japon (référez-vous une fois de plus à la préface de Karyn Nishi-Poupée sur ce sujet, précieuse en terme d'informations) via le personnage de Yuko, 25 ans, patronne du Club des divorcés et divorcée elle-même. L’histoire de Yuko, mariée sans véritablement être amoureuse, maman sans forcément y être préparée, divorcée très jeune et devant s’assumer financièrement avec un travail assez peu valorisant, surtout pour les autres composantes de la société japonaise, nous est narrée sans complaisance mais avec une sincérité et une poésie qui permet aux centaines de pages de ce premier volume de défiler rapidement, sans lassitude, ennui ou soupirs. Centré sur Yuko, le titre permet aussi de mettre en avant d’autres composantes de la société japonaise de l’époque, des clients du club en passant par l’ex-mari de Yuko, des hôtesses de bar à la grand-mère devant prendre en charge l’éducation de sa petite-fille, du barman épris de « Mama » à la petite fille taciturne… Un tour d’horizon effectué sans voyeurisme, réaliste et factuel, qui ne cherche pas à cacher la vérité ou à la falsifier, dans un sens ou dans l’autre (avec quelques statistiques à l'appui pour encore plus ancrer l'oeuvre dans le réel). On est donc charmé par le fond, très intelligent et parfaitement exécuté. Quant à la forme, les habitués de l’auteur ne seront pas déçus, et ceux qui vont le découvrir devraient rapidement tomber amoureux du style de Kazuo Kamimura. Après nous avoir offert des perspectives peu orthodoxes dès les premières pages, Kamimura va présenter des double-pages magnifiques, qui aspirent à la contemplation, au calme, à la quiétude. C’est beau, simple, efficace et parfaitement maîtrisé. Et ça a plus de 40 ans ! A noter que l’auteur se fait apparaître lui-même en temps que client du club ! Avec ce gros premier volume, Kana nous offre une nouvelle fois une œuvre de Kazuo Kamimura de grande qualité. On se laisse emporter aisément par ce titre unique, empreint d’une époque que son auteur réussit à dépeindre de manière remarquable, bien aidé par une patte graphique grandiose. La lecture du second et dernier volume se révèle indispensable, pour pouvoir continuer à apprécier pleinement le travail de son auteur, et suivre le destin de Yuko et de son club par comme les autres. A lire.

En bref

Avec ce gros premier volume, Kana nous offre une nouvelle fois une œuvre de Kazuo Kamimura de grande qualité. On se laisse emporter aisément par ce titre unique, empreint d’une époque que son auteur réussit à dépeindre de manière remarquable, bien aidé par une patte graphique grandiose. La lecture du second et dernier volume se révèle indispensable, pour pouvoir continuer à apprécier pleinement le travail de son auteur, et suivre le destin de Yuko et de son club par comme les autres. A lire.

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