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Critique de La maison du soleil #1

par snoopy le lun. 5 juin 2017 Staff

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« Une romance poétique où l'optimisme apaise les blessures de l'âme », en voilà une accroche qui ne donne qu'une envie se laisser tenter par le titre surtout si tout comme moi vous êtes à la recherche d'œuvre moins classique dans un genre qui a tendance à toujours nous proposer la même recette à tel point qu'on finit par être presque écœuré au fil des lectures. Heureusement, certains éditeurs ont compris qu'une partie du lectorat étaient en quête de séries plus matures ou au moins dégageant un petit quelque chose de plus afin de sortir du lot, c'est le cas de Pika Édition qui nous fait découvrir en ce début d'année une nouvelle mangaka, Taamo, qui signe avec ce titre sa première série et qui a remporté le prix Kodansha du meilleur shojo en 2014. Tout à fait prometteur sur le papier, le sera-t-il tout autant après la lecture ?

« En vérité, ces paroles… m'avaient fait extrêmement plaisir. Au point de baisser la tête… en ravalant mon merci. »

Petite, Mao passait ses journées dans la famille Nakamura. La vie y était joyeuse et insouciante et comblait le vide laissé par l’absence de sa mère, partie avec un autre homme, et celle de son père, travailleur acharné. Plusieurs années ont passé… Le père de Mao s’est remarié et construit une nouvelle vie de famille à laquelle la jeune fille se sent étrangère. Hiro, l’aîné des Nakamura, vit seul dans la maison familiale depuis le décès de ses parents. Face à la détresse de la jeune fille, il lui propose d’emménager chez lui…

« Rien n'est plus doux qu'un foyer chaleureux »

Dès les premières pages, l'auteure nous invite à nous replonger dans les souvenirs de son enfance notamment de l'endroit qui nous procurait un sentiment de bien être et de sécurité où on aimait se réfugier lorsque la vie devenait un peu plus dure et où il faisait toujours bon vivre comme la maison de son ami d’enfance ou celle de ses grands-parents. Une chaleur humaine qu’on ressent pleinement avec un début d'histoire plein de poésie qui tout en nous contant l’enfance difficile de nos deux principaux protagonistes ne tombera pas un seul instant dans le piège du mélodrame facile. En effet, le but de l'auteure n'est pas de nous faire mal au cœur en évoquant les épreuves auxquelles nos deux héros sont confrontés comme le deuil ou la froideur d’un foyer mais plutôt de mettre en scène des personnages qui tentent de faire face et de se reconstruire avec les moyens du bord. C'est d'autant plus vrai que le quotidien de notre jeune héroïne était loin d'être rose bonbon et où l’expression prendre sur soi et se sentir incroyablement seul régnaient en maître et donc on n’a pas forcément cette sensation de tristesse puisque la situation tendrait même à s’améliorer pour cette dernière. Seulement une rupture reste une rupture et il est impossible de rester impassible face à une héroïne qui a compris malgré son jeune âge qu’il ne fallait n’y se plaindre ni pleurer et donc se révèle directement attachante et touchante. Dans la même optique, l'auteure ne s'arrêtera pas trop longuement sur le deuil qui frappe l'autre personnage renvoyant ainsi une image forte de nos deux héros.

« Une amitié d’enfance, des liens inébranlables »

Dès le départ, l'auteure parvient à nouer des liens très forts entre ses deux personnages, ils vont se confier l’un à l’autre et se soutenir dans les coups durs.  Ainsi quelques années plus tard et malgré le fait de s'être un peu perdu, leur complicité sera toujours aussi forte comme s’il était devenu naturel de s'appuyer l'un sur l'autre. Le jeune homme qui devenu salarié entre-temps va à nouveau lui tendre la main et ainsi offrir une porte de sortie à notre jeune héroïne pour qui le quotidien prendra à nouveau un virage à 180 degrés. Pour avoir vécu exactement la même situation que l'héroïne, je peux vous affirmer que l'auteure a parfaitement réussi à transcrire cette sensation de ne plus avoir de chez-soi et la difficulté de trouver sa place au sein d'une famille recomposée. Une atmosphère suffocante additionnée à des parents manquant parfois de psychologie fait qu’on a qu’une seule envie, celle de fuir le plus loin possible.

Personnellement, je suis complètement entrée en résonance avec l'héroïne surtout dans ce besoin de vouloir à tout prix s'échapper d'un foyer qui la rend mal à l'aise et inutile de vous dire à quel point je suis tombée sous le charme de celui qui lui a ouvert une porte de sortie. Les émotions véhiculées par les personnages dans cette première partie m'ont données des frissons tellement elles sont criantes de réalisme sans jamais verser dans le larmoyant. Mais rassurez-vous, l’auteure ne fera pas que jouer dans ce registre et la seconde partie est bien plus douce et s’axera autour du début d'une colocation pas comme les autres.

En effet, Taamo nous propose des personnages intéressants à suivre pas uniquement à travers les épreuves qu’ils ont dû traverser mais aussi par leur façon d'être qui est assez peu commune entre une jeune héroïne se comportant comme un collégien prépubère et un jeune salaryman qui se la joue en mode mère poule. On se retrouve bien sûr pas avec des personnages totalement décalés mais ils ont clairement une personnalité qui leur permet de se démarquer des clichés qu’on retrouve habituellement dans les shojo, encore un point des plus agréables. Un petit quotidien assez mouvementé s’offre ainsi à nous mettant en scène des personnages qui peu à peu s'habituent l'un à l'autre. Se sentir à nouveau accepté ou encore combler un vide, les deux personnages ne vont retirer que du positif de leur nouvelle vie à deux. 

Une dernière petite chose, j’ai beaucoup apprécié le fait que l’auteure met en lumière l’attachement qu’on peut ressentir envers un endroit qui fut notre port d’attache durant de longues années et les différentes réactions en cas de séparation avec cet endroit que ce soit cette envie irrépressible d’y revivre comme si cela pouvait réparer les blessures ou au contraire ne plus savoir y vivre parce que justement il renferme trop de souvenirs. Je l’ai trouvé encore une fois très juste dans la façon dont elle exprimait ce sentiment à travers ses personnages.

Un petit mot sur les graphismes, on y retrouve beaucoup de douceur et de soin à l’image du récit. En jouant essentiellement sur un contraste de blanc et de noir mais aussi en proposant un trait très fin et maîtrisé, la mangaka offre une certaine luminosité à son titre donnant ainsi l’impression que les rayons du soleil inondent les planches. Du plus bel effet !

Rien à redire sur l’édition, Pika fournit ici un travail de qualité. On appréciera la couverture matte qui met en valeur la douceur de l’illustration ou encore la traduction qui réussi à retranscrire très justement les émotions véhiculées par l’auteure.

En bref

Si vous cherchez un shojo qui se veut sensible, poétique et touchant, la série de Taamo est faites pour vous. L’auteure fait la part belle aux émotions et retranscrit très justement sans jamais trop en faire des sujets sociétaux qui nous parle et nous touche mais aussi les sentiments de personnages qui ne rêvent que d’une chose, aller de l’avant et trouver le bonheur. Ajouté à cela, un trait fin et très lumineux qui sied parfaitement à l’ambiance douce et fraîche du récit. Un petit coup de cœur pour une série dont je vous conseille vivement la lecture ! Positive attitude, on aime !

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