Fin août, les éditions Taifu ont vu leur catalogue s’enrichir de deux nouvelles auteures. Après Papiko Yamada, ils nous font découvrir une œuvre de Bosco Takasaki que l'on connaît déjà dans nos contrées pour ses titres Tadoru Yubi et Zantei boyfriend paru chez Idp. Prépublié au Japon de 2014 à 2015 dans le magazine ciel ( junjo romantica, yume musubi koi musubi, ...) de kadokawa shoten, ce récit relate l'histoire d'un jeune étudiant qui enchaîne les galères entre la perte de son toit et un job d'appoint plein de surprises. Pour ma part, c’est la première fois que je lis une œuvre de l’auteure et je dois bien avouer que la couverture avec ses nuances pastels et sa mise en scène dégageant une vraie douceur donne véritablement envie de découvrir le récit qui s’y cache à l’intérieur. Verdict ?  On prend beaucoup de plaisir à sa lecture.

« C'est pas le moment de pleurer. Je dois m'estimer heureux d'avoir un endroit où dormir. Demain, j'ai un entretien pour pouvoir suivre le meilleur séminaire de la fac. Je dois m'accrocher. »

Le jour où son appartement part en flammes, Sahara se demande réellement pourquoi la malchance s’abat sur lui. Heureusement, un ami de son université lui propose de l’héberger le temps qu’il trouve une solution. Seulement, quand Masaki, le grand frère de son ami, rentre et découvre Sahara chez lui, celui-ci le prend pour une personne suspecte. Le malentendu dissipé, Masaki propose à Sahara de travailler pour lui. Mais ce dernier ne se doute pas du travail qu’il devra effectuer. La malchance s’abattrait-elle une nouvelle fois sur lui ?

« Un récit aussi agréable et adorable que la couverture qu'il arbore »

Avec un synopsis qui, il faut le reconnaître, ne brille pas par son originalité soit on s'ennuie à la lecture limite dégoûté d'avoir cette même impression de lire encore et toujours la même romance, soit l'auteure se montre suffisamment habile pour nous distraire en nous servant une tranche de vie qui saura s'attirer notre sympathie de par les personnages qu'elle mettra en scène et parvenir à tirer ainsi son épingle du jeu. Omae wa itsuji se place sans conteste dans la seconde catégorie nous gratifiant d'une histoire d'amour certes sans prétention mais vraiment plaisante.

Ainsi on s'attache quasi instantanément au personnage de Sahara, jeune étudiant tout ce qu'il y a de plus ordinaire, à qui il vient d'arriver une grosse galère. On ressent rapidement de l'empathie pour ce dernier dont le quotidien se voit totalement chamboulé mais ce qu'on apprécie plus encore réside dans sa façon de s'accrocher et de vouloir s'en sortir coûte que coûte. Quant au second personnage qui occupera à ses côtés le devant de la scène en la personne qui a accueilli Sahara pour le dépanner, il nous apparaîtra très sérieux au premier abord limite froid mais on se rendra vite compte qu'il n'en est rien et que son attitude limite protectrice envers Sahara le rendra rapidement attendrissant à nos yeux.

Bien que la première impression qu'ils ont eu l'un de l'autre n'était pas spécialement bonne,  ils vont se rapprocher petit à petit puisque une chose entraînant une autre nos deux amis vont quelque part se rendre compte qu’ils ont besoin de l’autre pour continuer d’avancer sur le chemin qu’ils se sont fixé. Le besoin d'être rassuré ou l'envie de prendre l'autre sous son aile naîtra ainsi de façon très naturelle entre eux sans que l’évolution de leur relation nous apparaisse trop brusque.  Suite à la proposition peu commune du professeur de Sahara, on aurait pu penser que le récit tomberait dans la facilité mais il n’en est rien puisque le passage à l'acte se fera bien plus tard une fois les sentiments réellement installé. Dans un premier temps, ils vont ainsi continuer leur relation élève /professeur multipliant les petits rapprochements jusqu’au moment où Sahara sent que quelque chose cloche dans l'attitude du professeur. Une bonne façon d’ajouter un petit peu de mystère et de piment au quotidien assez chaleureux des deux jeunes gens. Difficile d'en vouloir à une personne qui a su nous encourager et nous tendre la main, l’attitude de Sahara le prouve d’ailleurs parfaitement et la sincérité de ce dernier nous apparaitra encore une fois très touchante.

L'évolution de leur relation se veut donc tout à fait spontanée quoique pas tout à fait assumée dans un premier temps avec des personnages aussi chamboulés l'un que l'autre par les paroles ou les gestes de l'autre. Tout s'enchaîne de façon assez fluide et convaincante, l'auteure lève peu à peu le voile sur les étranges agissements du professeur. On ne peut que comprendre le fait que Sahara soit un peu perdu, son attitude va d’ailleurs permettre au professeur de se livrer à lui.  Après quelques petits quiproquos rendant ainsi l’évolution finale de leur relation authentique ponctuée par ses multiples déclarations, on finira la lecture sur une jolie note de sensualité.

Un petit mot concernant les graphismes, le trait fin et frais de la mangaka confère au récit une aura véritablement mignonne et douce notamment à travers les expressions de Sahara. Le côté plus virile et plus adulte du professeur viendra un peu contrebalancer évitant ainsi aux pages d’être envahies uniquement par des expressions rougissantes. La mise en scène des évènements est fluide et bien imaginée que ce soit dans l’expression des rapprochements entre nos deux personnages ou durant les scènes de sexe qui se veulent bien torrides. En somme, le trait est aussi agréable que le récit ! Rien à redire sur l’édition si ce n’est qu’il ne faut pas oublier de soulever la couverture au risque de rater un petit bonus très sympa ainsi que la postface de l’auteure.