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Critique de Neon sign amber

par snoopy le mar. 7 nov. 2017 Staff

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Devenue rapidement une auteure phare du catalogue des éditions Taifu comics, Ogerestu Tanaka signe en cette fin du mois d’octobre son retour avec la parution du one-shot Neon sign amber publié au Japon de 2015 à 2016 dans le magazine Dear+ (ten count, kuroneko,…) de la maison d’édition Shinshôkan. Figurant au top 3 des meilleurs boy’s love de l’année 2016 lors des derniers Chi Chil Boy ‘s love award, la mangaka met toute son expérience au service d’un récit d’amour réaliste pointant du doigt les difficultés que peuvent rencontrer ceux qui aiment au masculin. Un peu mitigée à la lecture de love whispers even in the rusted night mais totalement convaincue du talent de l’auteure suite à l’excellent escape journey, cette dernière réussi une fois de plus à ravir mon cœur de lectrice rejoignant ainsi définitivement le clan de ses nombreuses fans. Sublime, ce titre doté de sa superbe couverture ambiancée au couleur du monde de la nuit, vous transportera autant qu’il vous bouleversera. Plaisir garanti !

 

« Je crois que mon visage ne reflète pas ce que je ressens. »

 

Souvent incompris à cause de son visage inexpressif, Ogata n’en reste pas moins un beau jeune homme qui travaille comme hôte de salle dans une boîte de nuit. C’est dans cette dernière qu’il fait la connaissance de Saya, un Gyaru-o connu pour enchaîner les conquêtes féminines. Malgré des caractères totalement opposés, les deux hommes vont pourtant tisser des liens et se rapprocher peu à peu. L’issue de leur relation dépendra cependant d’une chose essentielle : leur capacité à faire face à leurs sentiments.  

 

« Une romance envoûtante de par la douceur des sentiments naissants qu’elle dépeint et poignante dans ce qu’elle dénonce avec réalisme »

 

Après avoir lu l’ensemble des œuvres de la mangaka, on peut remarquer deux constantes qui font que le travail de cette dernière se démarque de celui de ses autres comparses officiant dans le boy’s love. La première réside dans l’application de celle-ci à nous plonger dans l’ambiance unique de ses récits qui abordent tous une thématique bien précise au-delà de l’éveil des sentiments amoureux prenant alors le risque de ne pas plaire à tous. La seconde est bien évidemment la chaleur de son trait qui véhicule avec force l’émotion des scènes qu’il nous livre notamment à travers la grande palette d’expressivité de ses personnages reconnaissable au premier coup d’œil.  Il n’y a par conséquent aucun danger lorsqu’on tient un nouveau titre d’Ogerestu Tanaka de relire la même romance, elle s’affirme dans ses choix scénaristiques qu’ils suscitent en nous de l’intérêt ou de vives réactions et n’hésite pas à teinter son récit d’une touche de violence puisqu’elle met souvent en scène des personnages au sombre passé et changé par ce qu’ils ont vécu. Ces éléments, vous les retrouverez à la lecture de Neon sign amber, véritable condensé de tout ce qui fait la marque de fabrique de l’artiste.

 

Ainsi dans ce nouveau titre, on se laisse toute de suite enivrer par l’atmosphère du monde de la nuit que l’utilisation judicieuse des trames et la présence en suffisance de décors accentue à tel point qu’on s’y croirait véritablement. On débute alors la lecture en compagnie de Masaki, un jeune homme qui souffre de son inexpressivité et dont les premières apparitions qui illustreront assez clairement les problèmes auxquels il doit faire face au quotidien. D’un côté, on se dit qu’il n’y peut rien et d’un autre on comprend que cela doit être agaçant à longue pour la personne qui partage sa vie de le voir afficher toujours ce même air blasé. Un fait qui le rend rapidement sympathique à nos yeux avec son petit côté faussement ténébreux mais qui ne sera pas présent juste pour faire joli et qui s’inscrit particulièrement bien avec le reste de l’intrigue. Grâce à cette première impression, l’auteure nous donne un point de référence qui nous permettra de mieux cerner l’ampleur du changement, illustré d’ailleurs à de multiples reprises, lorsqu’il rencontrera l’âme sœur. Masaki est en plus très bel homme donc un personnage tout à fait plaisant à suivre, il n’est pas hôte pour rien, son manque d’expression ne l’empêche pas d’aller naturellement vers les autres même s’il reste une énigme pour la plupart d’entre eux. Lors d’une soirée, il sera attiré par l’un des habitués de la boite de nuit en la personne de Saya, beau jeune homme à la peau mate et séducteur dans l’âme, qui ne passe pas inaperçu et de qui il va se rapprocher suite à une galère.

 

On assistera alors à la naissance d’un beau lien entre les deux jeunes gens puisque Saya se montre plutôt doué lorsqu’il s’agit de décrypter ce que les autres pensent comme s’il lisait en eux comme dans un livre ouvert. Il nous apparait alors tout à fait naturel de tomber amoureux de la personne qui nous comprend, la naissance des sentiments de Masaki sonne donc plutôt vraie et ceux-ci sont déjà présent depuis un moment lorsqu’il tentera de se rapprocher physiquement de Saya.

 

Suite à ce premier élan de désir, on sera surpris d’apprendre qu’on s’est trompé sur le compte de Saya qui adopte une attitude frivole pour une bonne raison même si on se doutait qu’il y a avait anguille sous roche grâce à quelques indices. On comprend alors que l’auteure nous a donné volontairement une fausse image de séducteur et d’irrécupérable coureur de jupon à Saya. On s’était donc fait une certaine idée du personnage durant les premiers chapitres, Ogeretsu Tanaka nous a concocté ici un joli petit twist bien trouvé qui donne beaucoup de relief au personnage de Saya et permet au récit de ne pas tomber dans la facilité d’une énième histoire où un jeune homme se laisse emporter par son envie de faire des expériences ; c’est ce qu’on croyait lire concernant nos deux protagonistes, on sera donc plutôt ravi d’avoir été berné de la sorte. Un point très très très agréable puisque de très nombreuses auteures de boy’s love nous servent encore et toujours cette même recette, c’est presque aussi courant que les triangles amoureux dans les shojo !  

 

Le jeune homme va alors de façon très émouvante prendre le risque de s’assumer devant un Masaki amoureux qui déjà très tactile à la base succombera à ses pulsions. Pourtant, on n’aura pas le droit aux même scènes qu’à l’accoutumée bien au contraire car un autre coup de théâtre nous attend au détour de ce passage fort en émotion. De nombreux boy’s love mettent en scène, aussi bizarrement que cela puisse paraître, des protagonistes hétérosexuels qui se laissant aller à leur désir dépassent très vite le fait qu’il s’agisse d’un homme et non d’une femme en face d’eux, la peur de dégoûter l’autre est souvent évoquée mais de façon très vague. Pour une fois, une auteure va prendre le risque de pousser la réflexion plus loin même si on aurait qu’elle aimé qu’elle le fasse jusqu’au bout. Si vous n’êtes pas ému par ce passage, vous ne le serez alors jamais ! La magie du trait très expressif de la mangaka fait alors véritablement des merveilles durant ces scènes.

 

L’auteure ne va d’ailleurs pas nous laisser beaucoup de répit et enchaînera les scènes fortes en émotion notamment en levant le voile sur le passé de Saya. Ce qu’on y découvre est difficile à encaisser, le fait de ne pas être accepté pour sa différence et d’être violement rejeté est un sentiment d’une tristesse absolue. J’ai rarement été aussi bouleversée par la détresse d’un personnage qui au passage se révèle incroyablement attachant puisqu’on entre facilement en résonnance avec lui ; on fait tous au moins une fois dans sa vie cette amère expérience. Saya tout comme Masaki ne désire qu'une seule chose, être aimé tout simplement! 

 

L’intrigue se révèle tout aussi bien ficelée par la suite avec des personnages qui adoptent des attitudes logiques et qui nous apparaissent toujours très sincères. Ce titre est un véritable ascenseur émotionnel, on a envie de voir les personnages finir ensemble et heureux en couple mais l’auteure choisit de ne pas faciliter la tâche à Masaki ; un fait encore une fois plus qu’appréciable.  On sera heureux de constater que rien n’est laissé au hasard durant le dernier quart du récit, entre l’explication de la raison pour laquelle Saya lit si facilement en Masaki, le fait de pouvoir tirer un trait sur son passé et l’envie de donner une seconde chance à l’autre, on sera pleinement convaincu par le dénouement du récit. Sans oublier les deux petits chapitres bonus illustrant pour notre plus grand plaisir l’évolution de la relation entre les personnages et qui donc nous régalent de leur ambiance hautement sexy avec une première fois So Caliente! Seul petit bémol et comme je l’ai dit un peu plus haut, j’aurai aimé voir de quelle façon Masaki est parvenu à passer au-dessus du fait que Saya soit un homme question désirs charnels. Mais bon, les répliques de personnages suggèrent qu’ils se sont découvert petit à petit et donc l’évolution de leur relation reste crédible du début à la fin. En trois mots, Très belle histoire !          

En bref

Le portrait réussi de ses deux personnages attachants, l’abord de thématiques fortes comme l’estime de soi ou l’homophobie, la naissance d’une jolie romance nocturne envoûtante par l’authenticité des sentiments de ses personnages, de belles évolutions crédibles et non linéaires, des réflexions plus poussées qu’à ce à quoi on nous a habitué, une intrigue rondement menée de bout en bout, Ogerestu Tanaka nous livre ici une très belle œuvre émouvante à plus d’un titre doté de nombreuses scènes qui ne vous laisseront certainement pas indifférent. Le tout servi par une édition impeccable avec un logo joliment travaillé collant parfaitement à l’ambiance du titre. Que vous soyez fan de première heure ou que vous ne vous êtes pas encore décidé à essayer les titres de la mangaka, foncez sur celui-ci qui mérite largement sa place rangé aux côtés de vos autres boy’s love. Coup de cœur !

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