Luluabourg nous fait suivre le quotidien d'un jeune garçon vivant en pleine campagne, dans la crainte d'un père autoritaire et violent. Il rêve de fugue et d'un autre avenir que celui de bûcheron qui lui est destiné. Une brimade de trop va précipiter le franchissement de ce cap. Il va alors découvrir la ville, son mode de vie, son premier travail et ses premiers déboires amoureux. Toutes ces nouvelles expériences qui vont bientôt être mises à mal par la guerre, le forçant à revenir sur ses pas et à se cacher en forêt pour ne pas être envoyé sur le front.   Les dessins s'accordent parfaitement au sombre récit qu'ils accompagnent. Simples, incisifs avec beaucoup de traits, comme autant de coups de stylos. Les planches défilent, toutes à dominantes vertes, sombres, avec quelques touches rouges sang. C'est par cette mise en couleur que l'ambiance se dépeint, sombre, lourde, à la limite du glauque et à l'image du personnage torturé.   On apprend que l'auteur s'inspire ici d'une histoire vraie, celle de son grand père, donnant un univers profond et très personnel à son récit. Il y décrit aussi bien l'ascension que la chute de cet homme qui nous apparaît aussi complexe qu'écorché. Un homme qui, traversant les désillusions, la solitude, les doutes, a tout tenté pour braver l'avenir qui lui était destiné et pour atteindre ce à quoi il aspirait..