Montefiorino. 1965. Petite bourgade italienne, de la province de Modène, en Emilie-Romagne. Sur le poste de télévision est retransmis le concours de l’Eurovision. France Gall. Chanson de Gainsbourg. Les couleurs sont chaudes, les ventilateurs tournent, les chemisiers sont déboutonnés. Ça fleure bon l’oisiveté… Terrasse du café. Ils sont cinq jeunes gens : Sandro, Piero, Aristofane, Raffaella et Dina. Cinq amis partageant les mêmes idées d’extrême gauche, les mêmes idéaux. Ils refont le monde. Epris de justice sociale, et légèrement éméchés, ils vont s’improviser « vengeurs masqués » (naissance de "La mano") sous l’impulsion d’Aristofane. Aristofane l’orgueilleux…dont l’ambition personnelle va prendre le pas sur le désir de justice et l’idéalisme fondateurs de « La Mano »…et faire basculer un groupe de rêveurs en groupuscule « révolutionnaire d’extrême gauche » armé. Une histoire en trois tomes. Dans celui-ci les caractères de chacun sont bien développés. On perçoit la tournure que peuvent prendre les événements. Les couleurs et dessins tranchent avec la trame de fond violente, laissant percevoir la nostalgie, ou les regrets du narrateur, Sandro. Un scénario documenté avec en annexe quelques informations sur les mouvements d’extrême gauche italiens des années 1960 à 1980, rebaptisées « Années de plomb ». Cela n’augure rien de bon pour nos protagonistes… J'ai assisté à cette extraordinaire escalade dans la violence des actes revendiqués par un groupe, qui au départ méritait toute ma sympathie. C'est l'histoire de la dérive des idées, des idéaux...quand les bonnes intentions deviennent prétexte au fanatisme... C'est subtilement écrit et magnifiquement illustré. J'attends le tome 2 avec vif intérêt.