Tout d’abord…le livre, l’objet. La couverture utilise deux matières comme une invitation à la caresser. Le délice continue à l’ouverture avec des pages 2 et 3 en relief. C’est avec le toucher que je commence ma lecture. Puis les pages semblent dégager une odeur inhabituelle. Troisième sens en éveil. L’immersion est immédiate. Pensionnat de la Rose. Un lieu mystérieux : mélange équilibré de modernité et de ruines…Mais aucun détail sur ce qu’il est et donc l’importance d’y être… Un lieu étrange : internat pour jeunes filles en uniformes, sans adulte, avec examens, épreuves dont on ne nous explique pas qui les ordonne ni leur contenu… Un lieu envoutant, rempli de belles choses, de belles personnes. Des images d’une grâce hypnotisante, des cadrages accentuant la sensualité des scènes. Un lieu troublant : des chambres avec au-dessus de leurs portes le prénom de son occupante suivi d’un numéro, une « pièce » dont on ne sort pas indemne, la blouse blanche déposée au pied du lit de celle qui doit quitter le pensionnat…L’impression d’un huit-clos sous surveillance (gare à celle qui ose violer le règlement !), un piège dont la sortie n’a que deux visages : le rejet ou la mort. Dans ce pensionnat, Sara rencontre Silje, l’élève clé, l’élève la plus ancienne de l’internat. Entre révisions, lectures, activités manuelles et promenades, leur amitié va basculer vers une relation moins platonique, plus charnelle. Elles vont tenter de rester le plus longtemps possible ensemble, mais à la fin de l’année, règlement oblige, il n’en restera qu’une. Troublante BD en noir et blanc. Invitation à la contemplation. La vue n’est pas déçue. Une atmosphère inquiétante mais irrépressiblement attirante. Un livre que je relirai certainement. J’y ai pris goût…