Arthur a six ans. Rien ne le distingue des autres hormis ses petits appareils dissimulés derrière ses cheveux un peu longs. Arthur est sourd. Scolarisé en milieu ordinaire, sa journée ressemble à celle de tous les enfants de son âge, à ceci près qu’il communique avec ses mains et lit sur les lèvres des autres. En suivant Arthur tout au long de la journée, Bénédicte Gourdon propose aux jeunes lecteurs de mieux saisir les difficultés liées à la surdité et de réfléchir aux aménagements simples à mettre en place dans leurs comportements face à un enfant sourd. Pour résumer : regarde-le quand tu lui parles et articule ou apprends la langue des signes ! Le scénario est à l’image de son protagoniste : frais et dynamique. On ne passe pas un moment désagréable. Il faut dire que les dessins type manga et les couleurs acidulées sont vraiment très plaisants…Cependant, cette BD me laisse perplexe ! Premièrement, que répondre à la question enfantine « A quoi servent ses appareils s’il n’entend pas non plus avec ? »…L’appareillage aide à percevoir les sons. Puisqu’Arthur est appareillé, il est peu probable - ou très ennuyeux - qu’il n’entende pas le moindre son. Attention, car le jeune lecteur ne manquera pas de poser cette question! Et s’il n’y trouve pas de réponse satisfaisante, il risque bien de se désintéresser du sujet…Dommage ! Deuxièmement, perplexité d’adulte…L’intégration en milieu scolaire ordinaire est aberrante. Comment imaginer qu’on laisse un enfant handicapé de six ans trouver seul des modus operandi pour comprendre ce qu’on attend de lui si aucun aménagement n’est prévu pour l’y aider ? Interprète, codeuse, auxiliaire de vie, orthophoniste ??? Troisièmement, comment Arthur communique-t-il avec les « entendants » qui ne comprennent pas la langue des signes ? Ne risque-t-on pas de laisser penser que les sourds et malentendants sont également muets ? Enfin, est-on nécessairement un as du mime parce qu’on signe ? Hum…Je peux vous mettre au défi de trouver ce que certains signes signifient…Attention là encore aux raccourcis qu’on crée dans les têtes des jeunes enfants… Je me souviendrai sans nul doute de la petite trogne craquante d’Arthur et de la constitution des équipes de football. Un très joli travail de Malika Fourchier et Le Gohan. Mais pour sensibiliser aux difficultés liées à la surdité, je me contenterai de certains extraits. Pas de son ensemble.