Le plus effrayant dans cette histoire, c’est qu’elle est vraie. Le filtre entre les affirmations et la réalité apparaît au travers d’un dessin de pastels distordus. Les tons aussi rendent bien compte de cette histoire glauque et sombre ou surgit parfois le double maléfique stylisé du personnage féminin. Tout tourne alors atour de ces deux êtres que tout rapproche et que tout sépare. Crédulité et duplicité s’affrontent jusqu’au dénouement final qui démonte les ressorts de l’intrigue. On est tenté nous aussi à la lecture par le rôle de chevalier blanc du médecin. On s’insurge avec lui, on doute plus que lui, et finalement on se demande ce que nous aurions fait à sa place, aveuglé comme lui par l’amour ? Peinture d’un fait divers réel, l’histoire dépasse de loin ce qu’aurait pu être une fiction inventée. Le dessin rend bien compte à la fois de l’étrangeté de ce qui se joue, tout en gardant la distanciation pour décrire de manière quasi juridique l’enchaînement des faits qui amènent au meurtre. Etrange et inquiétant, ce livre nous renvoie à notre propre aveuglement et notre propre crédulité.