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Critique de Gaza 1956

par Lauriane le ven. 8 avril 2011 Staff

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Un "carnet de voyage" en milieu particulièrement dangereux, en quête de la vérité sur un des plus grands massacres de gazaouis, en 1956. Un travail d’investigation minutieux, une narration enlevée, rythmée qui s’appuie sur des dessins noir et blanc maîtrisés et justes. C’est grand. Dans l’avant-propos, Joe Sacco nous expose la genèse de son ouvrage. Au printemps 2001, son reportage en tant qu’illustrateur sur la vie quotidienne des palestiniens dans la bande de Gaza avec le journaliste Chris Hedges l’emmena à Khan Younis. Ce nom évoqua alors une note d’un document de l’ONU qui y signalait le plus important massacre de gazaouis (275 morts) en novembre 1956. C’est pour creuser cet événement, tombé dans les oubliettes, qu’il retourne à Gaza par trois fois entre novembre 2002 et mai 2003, recueillir les témoignages des survivants. Attention, il prévient le lecteur que son propos est un recoupement de témoignages subjectifs et de textes "officiels" (il les laissera d'ailleurs à notre disposition en annexes). Il a le souci des grands journalistes d’investigation : la véracité, l’objectivité à tout prix, remettant en cause certains témoins, ne prenant pas en compte tel autre ou juxtaposant les différentes versions pour nous en laisser l'appréciation et l'interprétation. Il a consciencieusement construit son propos ne cherchant pas à exacerber son point de vue mais bien à nous exposer une réalité reconstituée. Le lecteur peut être confiant en cette enquête minutieuse. C'est du grand journalisme. Dans les quelques 400 pages (qui se tournent avec un rythme déconcertant compte tenu du découpage, du chapitrage qui en est fait), Joe Sacco nous relate son quotidien durant son investigation (amitiés, rencontres, destructions, tirs, scepticisme, angoisse, quête d’objectivité...) et y imbrique les événements reconstitués de 1956. C’est ainsi qu’on peut lire à la fois le récit d’un événement passé d’une cruauté inhumaine et le portrait saisissant du Gaza présent, tout aussi dérangeant, atterrant. Joe Sacco a choisi le support le plus pertinent pour ce reportage car les dessins noir et blanc illustrent, soutiennent, accentuent, rythment et complètent subtilement son propos marquant ainsi l’esprit de celui qui le lit,comme la série "Le Photographe" ou le film "Valse avec Bachir". Pour ne pas oublier le passé…mais ne pas ignorer non plus le présent, je ne peux que vous conseiller sa lecture.

En bref

Véritable enquête journalistique, minutieuse et objectivée. Dessins maîtrisés. Narration enlevée, rythmée. 400 pages qui se dévorent. Fondamental pour ne pas oublier le passé et ne pas ignorer le présent.

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