Ils sont géométriques, colorés, évoluent dans un format de 6 vignettes identiques par page, vivent des non aventures d’une douzaine de cases maximum qui se succèdent tout au long des 124 pages du livre, sans artifice, sans rebondissement, sans événement majeur. Car c’est bien ce qui est au centre de cette BD : la vie pathétique et sans saveur des frères Zimmer, contée avec force de sarcasmes. Des vies prétextes à une critique sociétale sans concession. L’un, rond vert, Karl, travaille pour le compte de Mégacorp, sous les ordres d’un téléphone, aux côtés d’Isaac le robot amené à le remplacer. Karl ou quand productivité rime avec réduction de personnel et délocalisation... L’autre, carré rouge, Hans, a une libido bridée et cherche désespérément une compagne. Voilà peut être pourquoi il passe des heures en voyeurisme divers sur la toile. Hans ou quand mon avatar mène une vie plus passionnante que la mienne... Leur entourage : d’autres personnages tout aussi désoeuvrés. Herman, l’arbre peintre sur lequel urine un chat noir, Susan, la cousine bleue et muette, Hannah, grosse pèche rose rencontrée lors d’un speed dating, l’ancien chef de Karl, le guide triangulaire orange d’un musée d’art moderne…