Un docu-fiction noir et blanc, au trait réaliste, précis, aux cadrages classiques pour une tranche de vie relatée avec respect, pudeur qui passe par une économie de mots mais pas de réactions à sa lecture ou comment vivre et revivre trois fois le drame de Tchernobyl via trois générations d’une même famille ukrainienne. Si nous connaissons tous l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, le 26 avril 1986, nous ignorons en général que les autorités soviétiques avaient choisi de laisser la population dans l’ignorance de la gravité du drame avant de les arracher à leurs terres. Une incompréhension qui mène ce premier couple de paysans, Leonid et Galia, à minimiser les risques et rester cultiver leur terre radioactive. En tournant la page sur leur vie, nous accédons à celles de leur fille Anna et de son mari Vladimir, quelques années auparavant. En 1986, à Pripiat, au moment même où la centrale connut ce terrible accident de réacteur. Vladimir est employé à la centrale, Anna attend leur deuxième enfant après leur fils Youri. La catastrophe nucléaire sera dans un premier temps tue, puis minimisée avant que les liquidateurs ne fassent leur apparition et que la population soit évacuée. Terrible de penser qu’on a condamné à une mort certaine des gens qui ignoraient les risques qu’ils encouraient. Etait-ce consciemment ? C’est probablement cette quête de vérité que mènent Youri et Tatiana, troisième génération, troisième volet de l'histoire, une bonne décennie plus tard. Hélas cette lecture n’est pas sans rappeler l’accident de Fukushima. Compte tenu de la similarité des réactions gouvernementales japonaises et soviétiques, cet album gagne en actualité, et du coup forcément en émotion, et soulève un tas de questions sur la gestion de l’après-catastrophe dont on ne pouvait cette fois, pas ignorer les conséquences.