Elle a ce regard hypnotisant, ce battement de paupière lent qui en dit long sur la rudesse de son passé. Mais elle ne se plaint pas, elle raconte. Etonnant parcours que celui d’Ursula. Petite polonaise orpheline, elle est adoptée à l’âge de huit ans par une riche famille de viticulteurs français. Elle obtient bac et BTS. Son avenir est tout tracé, il fait la fierté de ses parents adoptifs. Oui mais voilà, Ursula s’ennuie. Elle sort de son cocon, se métamorphose en papillon de nuit. Pas n’importe lequel : celui qui séduit par sa beauté, par sa danse frétillante (et nue). Adieu vin. Bonsoir alcool, drogue, sexe, danse et striptease. Ce choix la rendra-t-il plus heureuse ? Tout au long de cette BD, Ursula se confie (beaucoup de discours donc) à différents interlocuteurs (ses chiens, des chevaliers moyenâgeux imaginaires, un bouffon-troubadour qui pourrait être l’auteur lui-même et un psy) et à travers eux nous livre une histoire réelle d’une juste sensibilité accentuée par l’utilisation de l’aquarelle, des crayons de couleur et des références douces car enfantines : les chapitres sont introduits par des illustrations en rapport avec des contes traditionnels. J’ai également apprécié le « Déjeuner sur l’herbe » de Manet revisité par Frédéric Bernard.