Le dessin est plutôt doux, sensible, réaliste quand même. On est dans le quotidien des années 70, libérées, désinvoltes. Puis la réalité rattrape Anna, avec un enfant non voulu et une descente aux enfers, par le regard des autres et d’elle-même sur la situation de fille mère. L’histoire pourrait se dérouler aujourd’hui. Rien n’est vraiment plus facile. Rien n’est vraiment mieux assumé, les jeunes mieux éduqués, les services médicaux plus nombreux ou plus accueillants. On est face à une histoire inventée qui a tout de l’histoire vécue et qui pourrait survenir encore. C’est en cela que l’ouvrage est édifiant. Dans ce qu’il nous renvoie vers le décalage entre les grandes idées et la réalité des chiffres (moins de centre d’IVG par exemple, car déficitaires sur cette activité) et des faits. Le dessin fait mouche en ce sens qu’il décrit le quotidien et fait adhérer le lecteur à la possibilité, à l’actualité et la vraisemblance de l’histoire. Pas de surenchère, pas de couleur superflue, des visages, des lieux, des évènements qui s’enchaînent avec une redoutable fatalité. La période, son atmosphère, le décalage entre les aspirations et les carcans si bien décrits. En bref : La séisme de l’IVG dans les années 70 sur un dessin sensible et réaliste.