Des messages énigmatiques, une prophétie effrayante, la terreur superstitieuse des habitants de l'île, des morts brutales, un huis-clos oppressant… L'histoire est découpée en six chapitres ayant chacun une entame propre résumant l’épisode précédent et apportant son lot d’informations sur Maurice Leblanc (auteur originel), Marc Lizano ou encore Claude Jade (interprète de Véronique d’Hergemont dans la série télévisée du même nom datant de 1979). Six chapitres se concluant par un aguicheur « ce qui vous attend dans le chapitre suivant ». Ce découpage, très feuilletonnesque, est surprenant. Cette intrusion narrative prend les atours des voix nasillardes sorties des gramophones ou vieilles TSF. Loin d’être désagréable, cela se marie parfaitement avec le trait semi-réaliste de Lizano et sa coloration type sérigraphie conférant au tout un goût de vieux film vu dans une petite salle d’arts et essais où l’on manivelle encore les projecteurs…Nostalgie de la série télévisée? L’atmosphère ainsi posée, ne reste plus qu’à s’intéresser à l’histoire. Originellement, elle est l’œuvre de Maurice Leblanc. Véronique d’Hergemont a passé les quatorze dernières années à fuir son ex-mari, le comte Vorski, illuminé pensant être appelé à un destin grandiose, et soigner sa culpabilité quant à la disparition de son père et son fils, disparus en mer en voulant se mettre à l’abri de la folie du comte. Ce passé la rattrape lorsqu’elle reconnaît sa signature, sa griffe, fraîchement reproduite sur une cabane, élément de décor d’un film vu à Besançon. Aidée par un détective, elle débarque en Bretagne, et s’engage alors dans un jeu de piste l’entraînant sur l’île de Sarek, l’île aux trente écueils. Ses habitants superstitieux l’appellent l’île aux trente cercueils : une légende prétend que trente victimes doivent y périr dont quatre femmes en croix et Véronique semble bien être la quatrième...