La bande de 4 cases reprise au dos de l’album mais qui rend beaucoup mieux à l’intérieur, en haut de la page 24 rend compte de l’atmosphère noire, réaliste et dure de cette BD. On suit un tueur de la mafia dans son travail quotidien, qu’il réalise avec une indifférence et une froideur inhumaines. Il a le goût de l’assassinat, du meurtre, rétribué ou non en lui. Bien sur il a quelques circonstances atténuantes dans son enfance, mais est-ce que la souffrance vécue peut expliquer ou excuser un tel comportement ? Un sentiment de gêne naît puis grandit au long des pages qui devient dégoût mais on reste accroché aux dessins et à l’histoire. Il est difficile de se défaire, l’ouvrage refermé, de ces sentiments contradictoires. Un peu comme la première saisons de Dexter fut pour moi l’occasion d’une réflexion sur ce permis de tuer trop facilement donné à qui élimine plus violent et sadique que lui-même. Le dessin et la période ramènent aux vieux films noirs américains, autour de la mafia et des vrais hommes. Sauf que le tueur a ses propres règles et ne travaille finalement que pour son propre compte. On parcourt des images comme des aquarelles sombres, avec des poulbots tueurs de chats, des balles qui perforent des crânes et dessinent dans l’air une œuvre d’art de gouttelettes de sang et de bris de verres mêlés. Des images intenses, crues, de la violence montrée ou plutôt mise en scène, parfois de manière un peu gratuite. Mais bon, le dessin et les couleurs sont superbes, le scénario sombre et violent, sans repentir, se tient. Le premier tome d’une série à suivre donc.