Salle sombre de projection d'un film de propagande, que les jeunes élèves d'une école regardent pour la énième fois. Un jeune garçon propose à une jeune fille de l'embrasser. Elle crie, effarouchée. Ce simple battement d'aile de papillon va entrainer une succession d'évènements dramatiques et ubuesques, s'ils n'étaient réels dans cette dictature soviétique. Le récit mêle la douceur et la simplicité de l'enfance à une analyse plus profonde des modes de fonctionnement, de brimades, de bâillonnement des êtres dans la dictature soviétique. On retrouve cela aussi dans le dessin. Simplicité d'un dessin d'enfant, de cases avec peu de décors, qui mettent en valeur les textes, et couleurs comme uniformément grisés, quelle que soit la teinte d'origine, qui renvoie à la vision militaire et de masse des années noires de l'URSS et de ses satellites. Un récit d'enfants que l'on pousse à devenir adultes, suspicieux, craintifs, de la portée de leurs paroles et de leurs actes : trop vite pour des enfants. Un récit complété par un journal en fin d'ouvrage qui raconte le séjour en Pologne des auteurs, dont l'une, scénariste, est polonaise. On y retrouve ces mêmes échanges décalés, parfois désabusés et desquels émergent parfois un espoir de futur. Un conte finalement tendre pour petits et grands.