Le premier cycle de la série Uchronie[s], avec New Harlem, New York et New Byzance, a permis d’installer un univers atypique mais très intéressant avec un scénario très bien ficelé et maîtrisé jusque dans les dernières cases… Dernières cases qui laissaient entrevoir une éventuelle suite bien qu’optionnelle, les 10 albums qui précèdent celui-ci peuvent se suffire à eux-mêmes. C’est donc avec un peu de surprise mais beaucoup d’envie et de curiosité que j’ai attaqué les premières planches de cet album. On se retrouve à l’endroit de la dernière case de l’épilogue, à New Beijing, une réalité alternative dans laquelle les chinois dominent le monde d’une main de fer. Objectif pour notre petite famille enfin réunie, échapper à la pression et vivre à l’écart de tous bien tranquillement dans une réalité où leur présence reste insignifiante… Pas de chance pour eux, c’est en prison qu’ils vont se retrouver complètement séparés… Premier sentiment, dur, ils en ont bien bavé durant dix albums, et ce bon vieux Corbeyran ne daigne même pas les laisser savourer leur petite découverte… Côté scénario, tout va très vite dans cet album, ce qui est effectivement possible puisque la trame de fond est connue et l’univers particulier dans lequel les personnages évoluent, avec la matière noire, est aujourd’hui connue. Mais cela va parfois trop vite, notamment dans les relations entre personnages nouveaux et anciens. Des liens se créent un peu trop rapidement et amènent une perte de crédibilité. Peut-être est-ce une contrainte du fait de travailler sur trois tomes, ou bien une manipulation du lecteur, cela reste tout de même pour le moment un peu gênant… Côté dessin, c’est à nouveau un autre dessinateur pour ce cycle, pourquoi pas, d’autant que le style de Morinière reste assez ressemblant à celui des trois premiers dessinateurs, ce qui permet de garder une cohérence intéressante et surtout de reconnaître très rapidement les personnages principaux. On sent l’auteur très à l’aise sur les personnages et l’expression des visages qui plutôt bien rendue, mais cela reste beaucoup moins précis sur les décors de fond. C’est d’autant plus dommage qu’il y a tout un univers à découvrir, une nouvelle réalité à montrer…. Un début de cycle qui remplit correctement son rôle. Il pose les bases de ce nouveau cycle et même si certaines relations sont un peu trop faciles (peut-être trop ??) pour le moment, cela se lit très bien. Le tout servi par des dessins de qualité, on ne peut que demander la suite même si l'appréhension que cette dernière soit plus décevante que le premier cycle reste quand même présente..