Un ancien héros de guerre massacre sa famille pour s’en nourrir, mais il ne semble pas le seul à souffrir de fureur cannibale. Devant ces évènements étranges et inquiétants, une autorité indépendante décide de reformer la cellule Prométhée pour enquêter. L’histoire est intéressante mais le traitement graphique est encore plus original que le scénario. D’abord l’allure mi-animale, mi-humaine (à la Canardo) des personnages : on est au cœur d’un bestiaire d’une terrible humanité. Ensuite ces grandes simples ou doubles pages angoissantes, de cannibalisme ou de violence pure qui rendent compte d’images de flashback obtenues par transmission de pensées d’un « médium » de la cellule Prométhée. Les coloris enfin, sombres, striés de traits noirs et les rougeoiements des yeux, tout contribue à l’atmosphère maléfique qui amplifie le contenu et augmente l’intensité du récit. En bref, une histoire qui nous parle des compromissions et des permissions de toutes les horreurs en temps de guerre, d’oubli et de remords politiques en temps de paix, sur un dessin original et puissant.