Dès les premières cases le ton est donné, mélange de rêverie d’un soir d’été et de criante (rouge) réalité du personnage principal. Quitté par sa petite amie à la veille d’une rencontre importante de ping-pong pour l’entraineur national qu’il est, il doit concilier transmission de force à ses jeunes joueurs et sentiments de spleen liés à la rupture. Les illustrations sont surprenantes : grands aplats de couleur sur lesquels se meuvent des personnages ou des décors fil de fer ou couleurs eux-même, avec une grâce et une légèreté enviable. Peu de dialogues. Le nécessaire. Une économie de moyen pour partager une introspection par une poésie en prose rouge sur fond chevalin par exemple ; ou une petite case centrale au milieu d’une page blanche, césure méditative entre deux dialogues fraternels. Promenade poétique dans cet entre deux à la fin d’une histoire et avant le début d’une autre, entre renoncement et action, cet album enchante par la liberté qu’il donne au lecteur de jouer sa propre partition, de partager cet état engourdi du cœur, en flânant au long d’illustrations admirables.