Paysage torturé d’après bombardement, où le sol tel une plage de gravats mille fois éparpillés et reformés cache les blessures et les hommes sous une couverture claire. Le dessin est incisif, torturé, comme le génie poétique qu’il décrit. Des couleurs tranchantes, des regards noirs, des mises en page sans concession, comme la vie même du météore que fut Arthur Rimbaud. Sombres sont ses jours, sombres et torturées sa relation avec Verlaine. La BD les décrit parfaitement par les dessins, parfois à peine esquissés, autant aplats de couleur que formes, par le texte ciselé, alternant les dialogues violents et les extraits de poèmes. Quelquefois l’écriture de ces textes est trop liée et de petite taille pour que la lecture en soit aisée. Mon seul bémol. C’est le destin d’un être libre qui ne fit rien avec tiédeur, auquel ce bel ouvrage nous fait participer, avec un dessin et des couleurs qui ressemblent à l’homme avec des excès splendides et attachants jusqu’à la blancheur de l’avant dernière page, libératoire. Un ouvrage qui se lit avec les tripes autant qu’avec la tête.