Pour qui ? Pour les rêveurs au long cours aimant la mise en peinture des rêves. L'Ardalen c'est ce vent venu de la mer, qui apporte avec lui ce goût de sel et ces créatures marines, ces baleines qui émergent des forêts d'eucalyptus pour voler en ballet vers l'horizon et disparaitre. La vie de Fidel est ainsi, peuplée de personnages oniriques, que vient bousculer soudain un personnage réel, une jeune femme à la recherche de souvenirs de son grand père pour l'aider à se reconstruire. Ce roman illustré est touchant, émouvant, construit autour de la mémoire, des fils ténus qui l'anime, la réveille ou la perde. Les graphismes sont eux-aussi tendres et doux, peintures autant que dessin, s'attardant avec douceur sur les traits d'un vieil homme, soulignant la noirceur et la haine d'un autre. Les paysages aussi nous parlent, sans trop de précision pour que notre mémoire complète le tableau et le transforme en ce coin de forêt ou de prairie dont on se souvient. C'est tout le charme de ces couleurs d'antan, de ces regards qui s'illuminent, pourtant simple billes noires sur un fond blanc, mais tellement expressifs. Et puis c'est à la fin, ultime songe de cette nuit d'été, ce glissement de baleines, entre le ciel violet et les collines vertes. Un enchantement. Laissez le charme agir.