Comment raconter l'exil, la fuite, les pièges multiples que rencontrent un candidat à l'expatriation? Comment expliquer la douleur d'avoir laissé ceux qu'on aime (les avoir abandonnés?)? Voici un livre qui réussit merveilleusement à répondre à ces questions au travers du récit d'un exilé devant un obscur fonctionnaire qui doit décider si l'asile lui est accordé. L'exilé 214 est entouré d'ombres qui l'obligent à raconter la vérité de ses épreuves sans les embellir. Et il raconte : la fuite devant les cavaliers sanguinaires, le semi-esclavage dans l'usine de l'ogre, le meurtre d'un caïd pour voler l'argent réclamé par le passeur pour aller vers la liberté, l'abandon an plein désert par le passeur, la mort des compagnons de route... Les graphismes sont très particuliers et nous plongent dans un récit plus proche du rêve que de la réalité. Les personnages sont masqués comme des danseurs africains ou des acteurs des théâtres traditionnels asiatiques. Certains personnages m'ont fait penser aux créatures crées par Miyazaki pour le film "Le voyage de Chihiro". La douceur de la colorisation permet d'atténuer souvent la noirceur et la douleur apparaissant dans le récit de l'exilé 214. Une vraie réussite qu'il serait dommage de rater.