Cette série mêle histoire et légende, sautant les siècles pour suivre une malédiction qui elle aussi semble s’affranchir du temps. Marina, fille du Doge, aurait été, vers 1342, volontairement sacrifiée par son père pour sauver Venise. Dans le présent de lourds présages s’accumulent sur la ville qui pourrait disparaitre. L’histoire tourmentée de ces deux enfants, jouets de conspiration politiques macabres est bien traité et le mystère de la destinée de la jeune fille, Marina, savamment entretenue. Le dessin, en aquarelles, brosse une Venise passée et présente, où le beau cotoie le sordide, dans des couleurs de lagune et de murailles, plus de spleen que d’idéal. Les scènes réalistes, parfois dures, sont entrecoupées de paysages nautiques, falaises ou bords de mer, qui ouvrent le regard et l’espace. Les scènes de l’arrivée des enfants prodigues, montrent dans surcharge de couleurs ou de détails la liesse des foules et la puissance de la ville. C’est un bel ouvrage d’un destin torturé qui nous est proposé, avec suffisamment de parties mystérieuses et encore cachées pour en faire une série à suivre, sur un dessin attachant et original.