Parue en 2001 et en noir et blanc chez Petit à Petit, cette chronique sociale, éditée dans la collection La malle aux images, ne s'adresse pas à un lectorat très jeune. Certes les enfants sont au centre de cette histoire mais au-delà de leurs péripéties juvéniles se trament des choses bien plus graves: la guerre d'Algérie en toile de fond, les adultères, les ressentiments, la violence d'un père ravagé par le chagrin qu'il noie dans un alcoolisme chronique... Dans les anneés soixante, dans un petit village de campagne, vit Lucien qui a des faux airs de Petit Gibus. Ses camarades et lui s'adonnent à toutes sortes de jeux et s'en prenent régulièrement à cette petite fille solitaire qui passe le plus clair de son temps à discuter avec feu Mme Henriette. La petite sorcière comme ils l'appellent. Mais Lucien a bon coeur et sa naïveté le pousse à croire aux soit-disant dons de la petite fille, d'autant plus que ceux-ci pourraient bien lui éviter d'être traîné régulièrement sur la tombe de son grand-père maternel. Un trait semi-réaliste très soigné, des couleurs chaudes et contrastées, un scénario bien ficelé d'une singulière profondeur. La Bab nous édite encore un petit bijou merci.