Ce 3e tome de Papier a toujours les mêmes qualités et défauts que les précédents. Comme toute oeuvre collective, on aime plus ou moins les histoires racontées. Parfois c'est le dessin auquel on n'accroche pas et parfois c'est le scénario. J'avoue ne pas être sûre du fil rouge reliant les histoires : les disputes, la colère... Boulet se taille la part du lion et ouvre le bal avec "Maudit royaume", une histoire de 40 pages sur 191 au total, bonne histoire au demeurant autant côté scénario que dessins. En 4 pages Elosterv nous montre la méchanceté pure, à la dernière page de "Il est à moi!". Thibaut Lambert et Salva nous offre un splendide détournement de la naissance de Pinocchio, un vrai régal! "Nest", de l'auteure colombienne Lorena Alvarez, montre en 3 pages un imaginaire sombre soutenu par des dessins très fins... j'espère pouvoir la découvrir bientôt sur plus de pages. Le québecois Zviane embrouille son lecteur avec "Le plus beau métier du monde" jusqu'à un hilarant final. "La fiancée de Mr Chose" de Xcabanter et Salva présente des dessins d'une extrême finesse sur un scénario un tantinet grinçant. "Sfessania" de Georgio Albertini raconte une histoire d'hommes et de femmes avec une variation de dessins selon les contextes qui montre sa maîtrise graphique. "SETI amateur" où Max de Radigues s'amuse sur un graphisme apparemment simple. "La ballade du métro" d'Ileana Surducan est une rêverie aux jolis dessins (inspirés de Chagall?). "Richard et les quasars" de Lewis Trondheim est un petit joyau où 2 personnages discutent et se disputent dans le même décor sur 20 pages sans que la lassitude vienne tellement le dialogue est savoureux et intelligent. Je n'ai pas réussi à entrer dans le monde de Dup et de son "Monsieur gonflable". Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris les desseins de Geoffroy Monde pour "Le mot des parents". Le scénario de "Les influences" de Victor Hussenot m'a rappelé un livre jeunesse de Pef : "Les peaux de Victor" (à découvrir si vous ne le connaissez pas). "Une histoire de clé" par Jérôme Anfre est une histoire sans paroles aux dessins très dynamiques, mais au scénario obscur. En revanche, je ne sais que penser de "Kayeko" de Boris Peeters, cette série de variations en demi-pages, sur le thème d'un gigantesque personnage qui veut entrer dans une petite maison et les moyens qu'il emploie pour y arriver, m'a beaucoup intéressé par son concept de répétition sans cesse renouvelée. J'ai moins aimé les graphismes, mais c'est peut-être dû au petit format du livre qui atténue certains détails. Un dernier détail, il faut enlever la jaquette pour lire la 4e de couverture qui présente un gag de Guy Delisle.