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Critique de La ville qui n'existait pas

par ginevra le sam. 10 janv. 2015 Staff

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3e légende d’aujourd’hui et 3e apparition de 50/22 B. L’histoire se déroule dans la ville industrielle (enfin avant) de Jadencourt dans le Nord de la France. Petite ville dont les activités sont une fonderie et une filature appartenant toutes les 2 au groupe Hannard. L’action débute sur fond de grève illimitée avec occupation à la fonderie quand survient le décès du vieil Hannard, patron du groupe et accessoirement sénateur-maire. Qui va prendre la suite à la tête du groupe ? Le groupe ne va-t-il pas se débarrasser des activités non rentables comme la fonderie et la filature que le vieil homme conservait peut-être par tradition familiale. Le nouveau patron, petite-fille handicapée du mort, a de grands projets pour Jadencourt et veut rendre à la population l’argent que sa famille a gagné grâce à leur travail. Elle veut leur offrir une vie de bonheur, de joie… selon ses idées. L’album date de 1977. A cette période, le Nord et l’Est industriels ont payé un lourd tribut au monde des affaires dirigé par des financiers oeuvrant uniquement pour le profit des actionnaires. Beaucoup d’usines sidérurgiques, de fonderies, de filatures, de mines,… ont été fermées à cette période en mettant au chômage ou en retraite anticipée des dizaines de milliers de personnes. Cette période a laissé de douloureuses cicatrices dans ces 2 régions. Et il suffit de se rappeler des évènements récents à Florange ou ailleurs pour réaliser que cet album est toujours d’actualité. Christin nous présente Madeleine qui vit dans un monde préservé et qui pense que son argent pourra amener le bonheur aux habitants de Jadencourt. Elle a rêvé une utopie sans s’être jamais demandé si les hommes et femmes concernés la partagent. On peut penser que les premiers temps d’euphorie passés, ces personnes commencent à s’ennuyer ferme à ne rien faire. L’un des personnages de l’album le dit à la fin : « Elle existe pas cette ville… Elle a jamais existé et elle existera jamais… On ne peut pas se foutre entre parenthèses du monde. » Le contraste est grand entre le début dans une ville sombre et gris (industrielle quoi !) et la ville utopique colorée et aux formes étranges… Mais sous globe ! Les dessins de Bilal se sont adoucis depuis les 2 premiers albums et la colorisation renforce le propos du scénario. Les personnages ne sont pas ici des caricatures, mais des personnages réalistes que nous pourrions croiser dans une rue sans nous retourner. Les paysages sont mélancoliques à souhait et plats, très plats (nous ne sommes pas loin du plat pays de Brel). Relire cet album me met toujours un peu mal à l’aise parce que Madeleine veut imposer sa vision du monde… pour de bonnes et généreuses raisons, mais l’imposer quand même !!

En bref

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