Utiliser la lune comme bagne et y envoyer les condamnés par un scaphandre individuel peut sembler étrange... Mais le plus surprenant est qu'il y ait des survivants et qu'ils aient fondés une nouvelle société. Société très sexiste : les femmes y sont à peine plus que de simples objets. Cela vient surement des premiers arrivés il y a 200 ans. Lorsque Ja Benal y arrive, sa qualité de savant atomiste intéresse les autorités même si elles soupçonnent une tentative d'infiltration. Lorsqu'en 1956, Stefan Wul écrit ce roman, il intègre sans doute des éléments qu'il a lu ou vu : société policière (la 2e guerre mondiale et les régimes fascistes étaient encore dans le mémoires), séance journalière de haine envers la Terre (le livre 1984 était sorti 6 ans avant), miniaturisation des médecins pour lutter contre les microbes dans le corps du malade (le film le voyage fantastique sortira sortira 10 ans plus tard), armement à outrance sur Terre et sur la Lune (la Guerre Froide et la course à l'armement des 2 blocs débutaient),... Mais Stefan Wul n'est pas un copieur, il sait créer un monde original et cohérent même s'il est un peu effrayant aussi. Et tout cela, Thierry Smolderen a réussi à le résumer en 1 seul tome au prix de quelques ellipses concernant les alliés lunaires de Ja. Les dessins de Laurent Bourlaud sont un peu particuliers et risquent de surprendre plus d'un lecteur (et même d'en rebuter certains) : personnages aux tenues baroques, couleurs franches, décors géométriques,... Mais les auteurs s'expliquent sur leurs choix, leurs influences graphiques et cinématographiques dans un dossier tout à fait passionnant en fin d'album. C'est grâce à ce dossier que j'ai révisé mon premier jugement un peu réservé et pu vraiment apprécier l'album.