Canardo est cette fois engagé pour retrouver l’identité d’une belle inconnue amnésique. Potentielle réfugiée d’un pays limitrophe du Belgambourg, c’est l’occasion pour l’auteur d’utiliser l’humour sarcastique ravageur de son héros sur le sujet de l’immigration utile et son volume acceptable. Au fil des tomes le dessin aux décors épurés a gagné en précision et en simplicité. Où que l’on se trouve, palais ou port de pêche, on a cette sensation d’abandon des lieux; Cette ambiance est rendue par une fissure dans un mur ou une porte, un tapis effiloché, une tâche de peinture sombre qui jure sur une surface de mur peint. S’y associe le détachement des gens, comme loin d’eux même et des objectifs qu’ils poursuivent. Motivés, mais trop, point n’en faut. Canardo est l’archétype de cette atmosphère désabusée, étrange et pourtant plaisante. Un bon tome d’une série qui dénonce les travers de la société avec la fausse nonchalance d’un héros dépressif débonnaire.