1915, deux enfants dans la tourmente du génocide des Arméniens. Voilà l’introduction écrite sur la couverture de l’album. 2 orphelins (enfin peut-être pas encore !), Maryam et Vartan, vont être emmenés par Hassan au village de leur oncle. Hassan respecte la promesse faite à son père de les protéger… Mais si le jeune homme essaye de les préserver, il ne peut pas empêcher qu’ils voient ou subissent les horreurs que subissent les arméniens transformés en proies par leurs anciens voisins turcs. Il n’y a aucun pathos dans cette histoire, juste le récit d’enfants qui subissent la folie des adultes sans rien pouvoir faire. Malheureusement, ce récit a un côté universel car les génocides ou massacres de groupes humains par d’autres, généralement leurs voisins proches, n’ont jamais cessé dans l’Histoire. Il suffit de lire les journaux ou de regarder la télévision aujourd’hui en avril 2015 pour s’en convaincre. Ce récit peut être transposé pendant la 2e guerre mondiale en France, au Liban pendant les années 80, au Rwanda en 1994, de nos jours au Moyen-Orient ou en Afrique au sud du Sahara... Ce récit nous touche profondément car il soulève une question cruciale : « Dans un tel cas, comment agirais-je ? Bourreau, Protecteur, Indifférent… ? » Les superbes dessins en noir et blanc de Stéphane Torossian adoucissent les horreurs sans les cacher et magnifient les visages et les expressions des personnages. Le récit de Gorune Aprikian commence de nos jours en France et continue avec un grand retour en arrière. Les premières pages commencent sur un refus de rencontre, mais heureusement la fin raconte la rencontre des descendants de Maryam et Vartan… Un dossier d’une vingtaine de pages complète le récit dessiné pour situer les faits dans le contexte historique. Certains le contesteront, certains le trouveront trop neutre, mais il permet au lecteur de mieux comprendre l’album.