Tout commence à l’enterrement du grand-père de l’héroïne (est-ce Anaële ou Delphine Hermans ou un peu des 2 ?) quand elle réalise qu’elle est peut-être passée à côté de lui sans chercher à mieux le connaître. Du coup elle va rencontrer 4 personnes d’âges proche ou supérieur à celui de son grand-père : une femme ayant vécu au Congo Belge (comme le grand-père), une autre ayant participé à la Résistance à l’occupant allemand pendant le 2e guerre mondiale, un ancien mineur d’origine italienne et une autre femme ayant vécu sa vie d’artiste en femme libre (libérée ?). Au total, cela donne un récit à 5 voix assez passionnant par l’authenticité des divers récits et des commentaires de la jeune femme. Il n’y a aucun jugement de valeurs dans cet album et chaque lecteur pourra se faire sa propre opinion sur les divers sujets évoqués en transparence : la colonisation, la guerre et la Résistance, les grandes migrations du Sud vers le Nord pour chercher du travail à la grande époque des mines et de la sidérurgie, les années soixante et la libération des mœurs. Le traitement graphique en bichromie variable selon les personnages permet des souligner certains détails des dessins simples (parfois schématiques) de Delphine pour appuyer le récit d’Anaële. Les questions et réflexions de la jeune héroïne sont soulignés par du gris ou du beige tandis que les souvenirs des anciens sont ravivés par un orange lumineux, un bleu éclatant, un rose framboise vif ou un vert presque fluo. Ces couleurs vives contrastent souvent avec les souvenirs d’une vie souvent dure et difficile. Au final, un livre à la tonalité douce-amère qui fait se poser des questions très intimes : « Qui étaient vraiment mes grands-parents ? Est-ce que je les ai suffisamment écoutés ? Est-ce que je les ai vraiment connus ? » Auxquelles j’ajoute celles d’une grand-mère récente : « Que retiendront de moi mes petits-enfants ? Devrais-je leur parler d’abord ou attendre qu’ils me questionnent ?... »