Je ne suis pas familier de l’œuvre de louis-Ferdinand Céline, nom de plume du Docteur Destouches, aussi je ne me positionnerais que sur la BD. Sur un scénario aux dialogues corrosifs, Christophe Malavoy, féru lui de Céline, nous propose un voyage grand guignolesque qui sent la fin de règne, en cette période de déroute de l’armée allemande et de règlements de comptes avec les collabos. Le dessin est superbe, rabelaisien, avec des trognes outrés qui ne déparent pourtant pas avec le récit et le vocabulaire. On est dans une sorte de caricature qui fait ressortir les côté narcissique, dépressifs, pessimistes des personnages dans un Allemagne qui n’est plus qu’un champ de ruine ou seul quelques SS obtus gardent un faux espoir sur une armée secrété et la victoire finale. Dessiné à deux mains, au crayon gras, dans des ambiances grises ou noire, le dessin et la BD tout entière ne cache rien des failles, des angoisses et des renoncements des personnages qui louvoient pour sauver leur peau si ce n’est leur âme. C’est beau, puissant, cynique et drôle, un témoignage grinçant d’une période glauque de notre histoire.