Une BD où l’auteur parle de son vécu après la mort de sa compagne adorée apparaît d’abord comme un peu malsaine (en faisant du lecteur un voyeur), puis la tendresse du propos prend le dessus et, à la fin, la vie reprend presque comme avant. C’est un album étrange qu’a réalisé Anders Nilsen. Peut-être est-ce une auto-psychanalyse, à moins que ce ne soit un hommage à celle qui est partie (Cheryl Weaver)… Il lui aura fallu 8 ans pour combler (ou comprendre ou accepter ?) ce trou laissé dans sa vie avec ce roman graphique. Cet album n’est pas à ouvrir en dilettante parce qu’il exige beaucoup du lecteur : de l’attention, un esprit ouvert, de la compassion parfois. Les ruptures graphiques où l’on passe de fonds labyrinthiques et/ou de cases blanches ou bleues ou noires avec des silhouettes transparentes ou noires ou blanches à des dessins réalistes en bichromie bleu et blanche rendent la lecture ardue comme grimper une montagne en passant d’un sentier caillouteux à une plaque de glace via une plaque de roche lisse. Et, à la fin, il reste l’émotion d’avoir partagé tout cela !