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Critique de Promenade des Canadiens

par ginevra le mar. 24 mai 2016 Staff

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Je suppose que beaucoup de français en connaissent aussi peu que moi sur la Guerre d'Espagne. Résumé (merci internet) : cette guerre civile a opposé les républicains, partisans de la 2e République proclamée en 1931, et les nationalistes, partisans des militaires ayant tenté un coup d'état après l'arrivée au pouvoir du Front Populaire en 1936. Elle a durée presque 3 ans entre le 18 juillet 1936 et le 1er avril 1939. Pour beaucoup d'entre nous, la "partie émergée de l'iceberg" correspond aux brigades internationales dans lesquelles beaucoup de jeunes gens du monde entier (républicains et antifascistes convaincus ou militants communistes, socialistes ou anarchistes) se sont engagés. Officiellement lâchés par les gouvernements français et anglais, les républicains seront balayés par les nationalistes menés par Franco et aidés par des troupes italiennes envoyés par Mussolini et par la légion Condor envoyée par Hitler. Le monde entier connaît le tableau de Picasso "Guernica", cri de révolte face à ce bombardement ayant fait plus de victimes civiles que militaires. Mais ce n'est pas le seul massacre de civils qu'il y a eu pendant cette guerre et cet album nous en présente un autre. Tout commence par une découverte de la "promenade des canadiens", lors de vacances à Malaga, et par une rencontre avec un vieux monsieur qui lui donne plutôt le nom de "route de la mort". Les jeunes gens interpellés font des recherches et découvrent "le crime de la route Malaga-Almeria" écrit par le Dr Bethune (dont j'ai découvert l'existence avec cet album). Puis ils vont rencontrer la grand-mère d'un ami qui est une rescapée de ce massacre. Elle va leur faire le récit de ce qu'elle a vécu : marche épuisante de civils désarmés sous les obus tirés de la mer par les bateaux de guerre et les bombardements aériens… Côté visuel, Carlos Guijarro a choisi une trichromie à base de sépia pour tout ce qui se déroule dans le passé en contraste d'une colorisation "mer bleue et plage jaune" pour le temps présent. Cela renforce le côté documentaire de l'album accentué par l'utilisation des photos prises par l'équipe du Dr Bethune en 1937. Le dessin est un peu froid comme si l'auteur avait eu besoin de garder une distance avec ses personnages. La grand-mère de l'album dit à un moment en réponse à la question "Comment un tel fait a-t-il pu être oublié?" : "Dites plutôt qu'il a été passé sous silence! Nous, nous n'avons pas oublié." Comment d'actes de ce genre ont-ils été gommés de l'Histoire Mondiale? Combien de survivants cauchemardent-ils en silence pour des traumatismes qu'ils n'ont jamais subis officiellement? La mémoire collective est comme la mémoire individuelle… Il y a des faits qu'elle veut enfouir profondément. Un album comme celui-ci est une goutte d'eau sucrée dans la mer salée d'informations (plus ou moins véridiques) dont nous sommes saturés, mais plus il y aura de gouttes et moins la mer sera salée. Alors nous ou nos descendants oserons regarder le passé dans son entier. Merci à l'auteur, à la traductrice et à l'éditeur pour la révélation de ces faits sous une forme accessible au plus grand nombre.

En bref

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