Barbara Pellerin nous invite à sa suite à la découverte d'un homme : son père. Les souvenirs fragmentaires qu'elle en garde portent essentiellement sur sa violence conjugale, ses comportements inexplicables pour une petite fille dans l'obligation de protéger sa maman. Un contexte si compliqué qu'elle le dit elle-même, elle en a oublié de l'aimer. Le dessin adopte, dirait-on, dans sa forme, un peu de cette vision parcellaire, plus de couleur que de forme, d'une jeune enfant myope, un peu flou, comme reconstituée. Les aquarelles rendent à la foi la peur, l'émerveillement, les tentatives d'approche et d'apprivoisement de la fille et du père sous forme de tons et couleurs, d'ambiances. Pas de trait précis, figé, pas de cadre fixe. Un parti pris de doute, de questionnement, de timide découverte de cet autre qu'il est difficile de nommer " Papa ". C'est triste, douloureux et poignant. Le DVD du documentaire réalisé par Barbara Pellerin complète l'ouvrage et l'histoire. On y voit là des images sans filtre, sans l'enjolivement où le romantisme du dessin. Du super8 des films de famille à l'interview en tête à tête entre l'auteure et son père. Barbara se cache, pour moins se livrer, pour moins montrer sa vrai quête du père, en se laissant deviner dans un miroir et derrière sa caméra ou en voix off reprise dans les dialogues de la BD. Les terreurs d'enfant deviennent paroles d'adulte qui désacralise pour tenter de guérir si ce n'est d'oublier. Plus âpre, plus réel c'est un complément indispensable à la BD. On s'interroge par contre sur l'absence dans la BD de la sœur de Barbara.