À Montfleury, personne n'a été exécuté depuis 86 ans. Le père du Bourreau, ensuite lui n'ont pas eu à tuer qui que ce soit… Mais le maire a changé et a promis qu'il serait ferme face aux délinquants. Résultat : une exécution en place publique est annoncée par affiches collées un peu partout pour dimanche à 10h. Avec l'aide de Tiki, la petite chauve-souris, le Bourreau va devoir choisir : le bonheur de peindre ou la tristesse de tuer. Amnesty International rattache cet album au combat contre la peine de mort. Mais je n'ai pas vu le personnage principal uniquement sous cet angle. Bien sûr il est malade par avance à l'idée d'avoir à tuer quelqu'un, mais il est surtout face à un choix primordial dans sa vie : la peinture ou le travail de justice. Que l'on peut aussi décrire comme un choix entre la Vie et la Mort. L'autre point très important de l'album, selon moi, est la question sous-jacente : "A quelles extrémités est prêt un politique (ici, le maire) pour assurer son pouvoir?"... Faire exécuter un innocent en fabriquant de fausses preuves? Transformer l'horreur d'une exécution publique en fête populaire? Et quoi d'autre encore… Marty Planchais illustre son histoire avec des dessins joyeux aux couleurs vives quand le héros peint, dans le style de Van Gogh (voir les superbes pages de garde), et des couleurs plus sombres quand le malheureux cauchemarde avec coulées de sang bien rouge. L'auteur nous offre aussi en début d'histoire une subtile variation sur le poème "Le dormeur du val" d'Arthur Rimbaud, très beau poème mais pas des plus gais… Heureusement l'album finit mieux. J'ai trouvé cette première BD très réussie et j'essaierai de suivre le travail de Marty Planchais dans le futur.