Etrange et édifiant parcours, que celui de ces femmes européennes ayant suivi leur mari américain en Amérique, au lendemain de la guerre. On les appelle des « war brides ». Plus spécifiquement, cette BD nous raconte l’histoire d’Odette, une jeune française qui a suivi son G.I. de mari, dans le Michigan. Le récit prend son temps, par des allers-retours entre le début de l’histoire d’Odette en 1944 et le temps présent, où sa famille éloignée vient la voir aux USA. A travers un dessin empli de douceur et de calme, qu’accentue encore le choix des couleurs douces, c’est une page d’histoire, personnelle mais aussi universelle, que l’on parcours. Le déchirement de l’éloignement, de ma perte du lien familial, de l’adaptation, l’impression surtout pour Odette, de n’être nulle part chez elle, une française aux USA, une américaine à Paris. Outre cette histoire racontée avec beaucoup de simplicité et d’empathie, je retiens aussi ces doubles pages, celle, page 104, de canoé au milieu du fleuve Michigan, et la suivante, car elles arrivent à rendre, avec une économie de moyens, une impression de sérénité et de plénitude, fugaces certes, mais qui irradie jusqu’au lecteur. Un beau témoignage c’est certain.