Jim Henson a marqué l’histoire de la télévision grâce, notamment, à sa création majeure : le muppet show. Mais il a aussi réalisé des œuvres cinématographiques comme Dark Crystal. Toutefois, un script n’a jamais été adapté : Tale of Sand. La Jim Henson Compagny, qui a retrouvé ce scénario, a eu la bonne idée de le retranscrire, non pas en film, mais en comic-book, le tout mis en page par le très talentueux Ramon K. Pérez. Dans cette œuvre, on y suit l’étrange périple d’un homme dans le désert qui est poursuivi par un être qui semble vouloir mettre fin à sa vie. Le pitch est simple et ne croyez pas que ce comic-book est d’un genre sérieux. Jim Henson a, en fait, écrit une course-poursuite burlesque dans l’esprit des looney tunes avec des enchainements de gags complètement fous. Malheureusement, je ne suis plus fan de ce genre de récit, d’autant plus que je m’attendais à un récit bien plus philosophique. Mais notons tout de même que les gags restent efficaces et ont réussi à me faire rire. Cependant, le script est tellement insensé qu’on est parfois perdu dans ces enchainements de gags… Par contre, visuellement, c’est une leçon graphique. Dès les premières pages, où on voit des feuilles du script se transformer en illustration, le style de Ramon K. Perez fait mouche. Dans un style cartoony, le dessinateur nous transporte dans ce voyage décalé. Le fait le plus impressionnant est que, dans ce comic-book qui est quasiment dénué de tout texte, le dessinateur parvient à insuffler une vraie ambiance au point d’entendre les sons à travers les différentes planches : c’est vraiment une expérience unique. J’ai eu un énorme coup de cœur sur les passages musicaux qui transpire l’ambiance des rues de la nouvelle-Orléans. Mais ces effets sont aussi dûs à une colorisation très efficace et à des découpages de pages de hauts niveaux qui permettent de dynamiser le récit. Ce sont deux acteurs majeurs qui contribuent à la folie du titre. On comprend mieux pourquoi ce titre a reçu un Eisner Award de meilleur dessinateur tant la performance est solide. Côté édition, la prestation de Paquet est de qualité. Le papier (à mi-chemin entre le papier glacé et le papier mat) met bien en valeur les planches de l’illustrateur. On y trouve aussi une préface et une postface qui rappellent le contexte de l’œuvre et quelques croquis en bonus. Jim Henson’s Tale of Sand est donc une œuvre à part qui repose avant tout sur le talent d’un dessinateur inspiré. A travers un script totalement barré digne d’un Bugs Bunny, l’illustrateur nous emporte, grâce à des planches de très hautes volées, dans tous les états. Dommage que le scénario ne soit pas plus consistant, car, avec un tel artiste, ce titre aurait pu être exceptionnel… C’est donc un titre que je conseille à tout amateur de récits burlesques et surtout aux amateurs d’illustration car Ramon K. Perez qui réalise une vraie démonstration de force !