Akiléos commence à nous habituer à la sortie régulière d’intégrales de qualité et ce n’est pas pour nous déplaire. Et le retour des Chroniques de l’ère Xénozoïque ne changera pas la donne. Les précédentes éditions du chef d’œuvre de Mark Schultz étant depuis longtemps épuisées, cette intégrale arrive à point nommé ! C’est dans sa version non colorisée que nous est ici présentée l’œuvre, un bon point, les couleurs de la version sortie chez “Comics USA”, même si moins “criardes” que ce que certains ont proposé par la suite, auraient pu rebuter certains (et j’en connais) sous l’excuse du “trop vieillot” et quel dommage… Et la version Noir & Blanc est clairement supérieure. Dans un monde où la civilisation que nous connaissons a disparu suite à une grande catastrophe, les survivants se sont réfugiés dans les sous-sols durant des centaines d’années. En sortant de leurs abris, ils découvrent une nature qui repris ses droits et le retour de nombreuses espèces disparues à la fin du crétacé, les dinosaures en tête. L’ère Cénozoïque (la notre) laisse donc la place à l’ère Xénozoïque. On va suivre Jack “Cadillac” Tenrec, habitant de la cité dans la mer, est une sorte de shaman de cette ère, associé d’un talent de mécanicien sur les engins pré-apocalypse. Quotidien qui va se retrouver chamboulé par l’arrivée d’Hannah Dundee, une ambassadrice Wassoon, une autre “tribue" de ce nouveau monde. On ressent au cours de la série la perpétuelle évolution de l’auteur, que ce soit d’un point de vue visuel, qui bien que déjà très agréable au début, continue de s’améliorer ou d’un point de vue scénaristique avec un monde qui s’étoffe. Donc aucun risque de s’ennuyer ou de tourner en rond. Après un début mettant surtout en place les différents personnages dans des chapitres semi-indépendants, l’intrigue évolue donc peu à peu et se complexifie avant de s’arrêter inachevée, au paroxysme de nos questions. Pour créer cette intrigue, Mark Schultz se base sur deux personnages charismatiques présentés plus haut, qui bien que se basant sur des classiques indémodables avec un héros fort et charismatique et une femme belle et intelligente, réussissent à sortir du lot avec des caractères fort intéressants. Pour nous tenir en haleine avec sa narration digne de la grande époque pulp, l’histoire livre son lot de rebondissements et ses intrigues plus recherchées que ses aînés. Le rapport entre les nouvelles races dominantes et les humains est lui aussi très bien exploité, quel dommage d’en rester là! Visuellement parlant, on sent que Mark Schultz est un perfectionniste à tous les niveaux. Avec des traits magnifiques et réalistes, l’auteur nous offre des décors fournis et recherchés, mais aussi différents personnages et autres animaux non avares de détails, surtout pour ceux mis régulièrement en avant. Un pur régal pour le lecteur grâce aux différents angles de vue des cases et leurs associations aux dessins qui dynamisent le tout. De plus l’encrage est lui aussi très recherché, encore un bon point pour cette version noir & blanc. Malheureusement, cette série baladée entre différents éditeurs, reste inachevée et cela ne semble pas prêt de changer… La fin nous laisse donc sur notre faim, on aurait aimé connaître la suite des aventures de Jack “Cadillac” Tenrec. Espérons qu’un miracle arrive. Comme à son habitude, Akiléos nous offre une intégrale de qualité avec une couverture dure qui renferme les 340 pages de la série. Les illustrations inédites sont également superbes, on en aurait presque aimé plus. Longtemps attendue, cette réédition ne déçoit nullement, assurément mon coup de cœur de cette fin d’année! Si vous ne l’avez pas déjà, Les chroniques de l’ère Xénozoïque est un indispensable pour tout amateur d’aventures classiques ou pulp tant par son inspiration des plus grands que par son décalage de ceux-ci et sa recherche. Le contenu comme le contenant sont de haut vol. Le seul reproche que je pourrais faire au récit serait le côté inachevé, ce qui lui coupe la dernière demi-étoile, mais on ne peut pas y faire grand chose... Et cela ne doit surtout pas servir de prétexte pour louper cette œuvre majeure des comics.