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Critique de Black Beetle

par Jack! le mar. 21 janv. 2014 Staff

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''Depuis les hauteurs de la ville, un protecteur veille. Son nom : Black Beetle." C'est ainsi qu'est présenté ''Black Beetle : Sans Issue'' de Francesco Francavilla. Ce premier volume publié en France par Urban Comics comprend la courte histoire ''Ronde de Nuit'' réalisée pour l'anthologie ''Dark Horse Presents'' et la première mini-série en cinq chapitres qui voit le héros aux prises avec des chasseurs nazis et un tueur de Mafioso. Le recueil se termine sur un large éventail de bonus en tout genre qui confirme le soucis du travail dont fait preuve l'éditeur Urban Comics. Dans "Sans Issue" et ses deux histoire policières relativement convenues, l'auteur restitue l'atmosphère de l'aventurier américain d’antan, mâchoire serrée, prêt à l'action, ceinture à gadgets, doué d'une grande capacité de déduction; le même genre de héros qui a enchanté les ''serials'' radiophoniques et les romans ''pulp''. Ou presque. Car si Francesco Francavilla revisite le héros made in U.S.A., l'auteur n'échappe pas à ses racines résolument européenne. Dans ''Sans Issue'', Black Beetle contrefait les héros-détectives Batman, The Spider ou le Shadow, mais une autre création typiquement italienne marque le héros de son essence: Diabolik. Créé en 1962 par les sœurs Giussani, Diabolik est le célèbre anti-héros de Fumetti*; maître du déguisement et voleur sans scrupule qui aime ridiculiser l'inspecteur Ginko. De l'aveu des deux créatrices, Diabolik est une déclinaison du vilain français Fantomas qui marquera la culture populaire de l'archétype de l'anti-héros sans identité, sans visage et sans nom cher aux histoires de vengeance. Ici, F. Francavilla confronte deux hommes sans identités. L'auteur brouille même la limite qui les sépare lorsque le vilain Labyrintho devance Black Beetle dans son attaque contre la Mafia (plus tard, en se débarrassant du dernier gêneur à son plan, il l'appelle même son ami). De fait, la résolution de l'intrigue tient moins dans le combat que se livrent deux masqués pour préserver/déstabiliser le statu quo, mais réside plutôt dans la capacité de deux mystères ambulants à conserver l'anonymat tout en portant son ennemi à nue. Si tôt le mystère éventé, le fauteur de trouble démasqué dans un dernier élan de roman de gare, Francavilla clôt abruptement l'histoire dans un final digne du Parrain. Il faut dire qu'au jeu de l'anonymat, le Black Beetle a une avance sur son ennemi, mais aussi sur le lecteur. L'auteur limite ses scènes civiles à une poignée d'images sur la montre du héros, attendant le retour du soir pour endosser son costume. Et lorsqu'il sort sans, Black Beetle porte un masque en latex renvoyant directement à la technique mise au point par Diabolik.** C'est ce caractère atypique qui fait de ''Black Beetle: Sans Issue'' un livre hybride, entre l'amour assumé pour le comics américain et l'héritage inconscient de l'auteur. Ne vous y trompez pas, ''Black Beetle : Sans Issue'' offre exactement ce qu'il promet; un hommage nerveux qui permet à Francesco Francavilla de faire démonstration de tout son talent, à mi-chemin entre le crime noir et les affiches hautes en couleur du cinéma des années 60. On ressort du livre avec un sentiment partagé. D'un coté, on a une œuvre policière à l'intrigue maladroite, mais honnête dans sa démarche. De l'autre, un personnage qui a le potentiel de se détacher de la pâle imitation de héros si Francavilla décide de dépasser le stade de l'exercice stylistique. Il ne reste plus qu'a attendre le deuxième tome ''Necrologue'' (qui s'annonce déjà dans une veine Giallo***) pour confirmer si Black Beetle vaut la peine d'être (re)découvert, ou seulement regardé pour ses jolies images. ________________________________________________ * BD Italienne qui doit son appellation à la forme des bulles de pensées. ** Francesco Francavilla fait uniquement allusion à l'identité secrète de Black Beetle lors des pages de bonus. L'auteur parle d'un mystérieux présentateur radio. Tradition quand tu nous tiens. *** Le Giallo est un genre cinématographique italien mélangeant le policier, l'horreur et l'érotisme et qui a fait la renommée des réalisateurs Mario Bava et Dario Argento.

En bref

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