Supercrooks : Le casse est un “graphic novel” signé Mark Millar et Leinil Yu, le duo à qui l’on doit Superior. Cette nouvelle série est elle aussi taillée pour le cinéma, comme toujours avec Mark Millar depuis plusieurs années, mais cette fois-ci le comics a été réalisé en parallèle du film Nacho Vigalondo qui sortira cette année. Ce récit raconte l’histoire de Johnny Bolt qui va monter, à l’aide d’une équipe de super vilains, un casse en Espagne pour éviter d’attirer l’attention des supers héros qui grouillent en Amérique. Mais leur cible est loin d’être quelconque... On pourrait résumer cette série à un épisode des films “Ocean’s” mais avec des Super-vilains cette fois-ci. Cependant, là où les protagonistes des films savaient attendrir les spectateurs avec de l’humour, un côté repenti qui fait son dernier coup pour disparaître, les protagonistes dans l’œuvre de Millar restent des malfrats peu sympathiques avec bien moins d’humour et leur but est seulement un prétexte pour le récit. Ce qui ne nous donne aucune sympathie envers les différents protagonistes, mais Millar semble vouloir braquer les projecteurs sur le côté “blockbuster” du récit, encore un choix formaté pour le cinéma. Si on écarte ce côté “formaté”, la lecture est fluide et plaira aisément aux amateurs de braquages spectaculaires. Et malgré son manque d’originalité au premier abord, le récit cache quelques rebondissements qui pimentent la lecture. On regrettera également que le final soit vite expédié pour finir dans les temps… Si Leinil Yu est capable du pire comme la bouillie visuelle qu’on peut voir sur certains passages de Secret Invasion, il sort ici une fort belle prestation pour le plus grand plaisir des yeux! C’est comme ça qu’on aime ce dessinateur! Le dessin transmet la rapidité et la violence du récit tout en lui donnant une allure réaliste grâce, notamment, à une colorisation magnifique qui permet d’appuyer ce rapprochement. Côté édition, nous avons ici un nouveau membre de la gamme Best of Fusion qui est un peu la version cartonnée des 100% Fusions. On appréciera, en plus des couvertures variantes, la présence des esquisses des personnages ainsi qu’une petite partie “projet de production d’un film”. Si Supercrooks s’inspire d’Ocean’s Eleven, les protagonistes et l’histoire sont mis de côté pour privilégier le spectacle, ce qui plaira à certains mais empêche le comics de prendre une dimension plus importante. Ce n’est pas le meilleur Millar mais on est également loin du loupé sur Nemesis, donc si vous appréciez son travail allez-y surtout que rien qu’avec les dessins de Leinil Yu le volume mérite le détour. Toutefois, il y avait moyen de faire mieux sans se focaliser seulement sur ce spectacle… Reste à voir ce que ça donnera à l’écran.